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La NASA vit un important passage de témoin, déterminant pour la Lune et Mars

Bill Nelson, ancien sénateur de Floride et grand passionné de l’espace, vient d’être nommé nouveau administrateur de la NASA par Joe Biden.

« Je suis ravi que le président Joe Biden ait nommé l’ancien sénateur américain Bill Nelson à la tête de notre agence. Bill a une histoire avérée de soutien à notre travail ici à la NASA et a contribué à faire progresser la position de l’Amérique dans l’exploration humaine, la science, l’aéronautique et la technologie. » C’est avec ces mots, que Steve Jurczyk, administrateur par intérim de la NASA, a accueilli la nouvelle de la nomination de Bill Nelson, ancien sénateur de Floride.

La formulation est protocolaire, mais Steve Jurczyk n’a pas caché son enthousiasme, le 19 mars, en réaction à la nomination de Bill Nelson. Au sein du Parti républicain, qui tenait les rênes de l’agence américaine il y a encore deux mois, ce passage de témoin a été vécu comme un soulagement pour le travail avancé lors des quatre dernières années.

À la croisée des rivalités politiques, questions scientifiques, et projets spatiaux, l’investiture du président Joe Biden a quelque peu soulevé la poussière à la NASA. Le 20 janvier dernier, en signe de symbole de désaccord et de contestation, le chef et soutien de Donald Trump, Jim Bridenstine a démissionné, laissant une place libre au Mary W. Jackson Center, le siège de l’agence à Washington.

Un nom qui en dit long

Le nom que devait choisir Joe Biden allait avoir de grandes conséquences sur la suite de la vie de l’agence spatiale américaine. Le programme Artemis est en phase de concrétisation — le SLS a d’ailleurs réalisé avec succès son premier tir statique la semaine dernière — et la nomination d’une personnalité défavorable à la (re)conquête spatiale aurait pu mettre à mal le plan tout entier de la NASA.

Ce fut déjà le cas lors de l’arrivée au pouvoir de Barack Obama. Le 44e président américain avait alors mis fin au programme Constellation, un projet de mission vers la Lune, proche d’Artemis, qui s’organisait au début des années 2000.

À la NASA, les élections présidentielles rythment souvent les calendriers. L’arrivée d’un nouveau locataire démocrate à la Maison-Blanche signifie bien souvent que le budget de l’agence américaine va être réduit, sinon réorienté, vers des programmes scientifiques distant de la compétition des explorations humaines. A contrario, une présence républicaine à Washington assure le (re)lancement de projets très ambitieux pour la NASA, quitte à tomber dans l’utopie.

Qui est Bill Nelson ?

Finalement, c’est le nom de Bill Nelson qui a été retenu par la Maison-Blanche. Cette nomination doit encore être soumise à un vote du Sénat, mais ce dernier sera une formalité, tant le nom de Nelson fait consensus auprès des parlementaires. Côté démocrate, il était le candidat idéal. Au sein de l’opposition, l’ancien élu de la « Space Coast » arrive aussi à se trouver des admirateurs.

Car si Bill Nelson ne défend pas toutes les idées des républicains, il en reprend une grande partie. Surtout, il marque une certaine continuité avec la politique mise en place depuis plus de deux ans par Jim Bridenstine. À 78 ans, l’enfant de Miami aurait le profil parfait pour le rôle qu’il occupera dans les prochaines semaines.

Bill Nelson NASA
Bill Nelson en janvier 1986, avant le décollage de la navette spatiale Columbia © NASA

Passionné d’espace, celui qui aime à rappeler qu’il a passé six jours en orbite pour lui valoir le titre « d’astronaute » (même si cette nomination prête à débat) est un politicien qui a toujours brillé dans sa connaissance et sa lutte pour les intérêts du spatial. Il fait notamment partie des (nombreux) défenseurs du SLS, le super lanceur en cours de développement qui doit ramener des Hommes sur la Lune en 2024 – 55 ans après Neil Armstrong et Buzz Aldrin.

Bill Nelson est également un partisan de la capsule Orion, une autre pièce maîtresse dans le programme Artemis. L’ancien sénateur reste malgré tout plus méfiant quant à la place des entreprises privées dans l’espace. Loin d’être le plus grand défenseur d’Elon Musk et de SpaceX, il a longtemps milité pour que ces entreprises restent loin du programme Artemis. Il faudra donc surveiller l’évolution de ce point dans les prochaines années, la présence du privé étant un facteur crucial dans le bon développement du programme de la NASA.

Un ancien astronaute ?

La carrière de Bill Nelson suscite malgré tout quelques interrogations. Pour comprendre comment ce politicien de métier, élu pour la première fois alors qu’il était trentenaire est devenu un « astronaute », il faut retourner en 1986. Durant six jours, entre le 12 et le 18 janvier 1986, Bill Nelson est devenu le deuxième parlementaire de l’histoire des États-Unis à voler dans l’espace.

Passionné par son expérience, il a malgré tout été la source de nombreuses nuisances pour les scientifiques présents avec lui lors de cette courte mission. Mike Mullane, ancien astronaute de la NASA raconte dans son livre « Riding Rockets » qu’il craignait énormément le politicien. Ce dernier était en effet peu ou pas préparé quant à son rôle et outrepassait régulièrement ses tâches semant ainsi la pagaille dans l’organisation millimétrée des scientifiques.

Malgré cette carrière des plus brèves, Bill Nelson reste une figure incontournable du monde de la politique américaine dès qu’il est question d’espace, et sa nomination à la tête de la NASA est un accomplissement pour celui qui a toujours défendu l’agence spatiale américaine.

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