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Sommes-nous espionnés ? Le logiciel Pegasus au cœur de nouvelles révélations

Pegasus, l’un des logiciels d’espionnage de téléphones les plus puissants au monde et utilisé par les États, semble déployé à bien plus grande échelle que prévu.

Il aura fallu un travail de 80 journalistes formés de grandes rédactions et du collectif Forbidden Stories (basé à Paris), pour s’attaquer au mystère de  Pegasus. Le plus puissant logiciel d’espionnage de smartphones au monde, commercialisé par la société israélienne NSO Group à des États et des agences gouvernementales, ne servirait pas qu’à surveiller des terroristes et des criminels potentiels.

Une liste de 50 000 numéros de téléphone parmi lesquels des journalistes, militants d’ONG, avocats et personnalités politiques, vient d’être révélée. Constituée lors des cinq dernières années, elle concerne les ressortissants d’une cinquantaine de pays.

Comme l’explique The Guardian, Pegasus aurait infecté les smartphones de nombreux médias. Citons pour l’exemple CNN, The Washington Post, Associated Press, Voice of America, The New York Times, Wall Street Journal, Bloomberg News pour les USA. En France, Le Monde et Mediapart (par l’entremise de son fondateur Edwy Plenel et la journaliste Lénaïg Bredoux) font partie des cibles identifiées, au même titre que le Financial Times britannique et la chaîne d’information qatarie Al Jazeera. 

Ces révélations viennent attaquer NSO Group, Israël et les relations diplomatiques en matière de cybersécurité tant « Pegasus » est un logiciel ultra-puissant et qui semblerait avoir été déployé de façon bien plus large que dans un intérêt de pure protection face aux organisations terroristes et criminelles. D’ailleurs, la France est concernée à bien plus grande échelle que par quelques journalistes du journal Le Monde.

L’ombre de Pegasus

À la publication des travaux d’investigation de l’organisme « Forbidden Story » et du consortium des 17 rédactions internationales, l’entreprise NSO Group a décidé de porter plainte contre diffamation et pointait du doigt l’erreur de tels rapports et conclusions. Il faut dire que si les chiffres s’avèrent justes, les quelques numéros de téléphone français espionnés via le logiciel « Pegasus » se transformeraient en 1000 individus dans l’hexagone.

Une partie de la surveillance des numéros français serait même en provenance du Maroc, révélait aussi l’enquête. Un détail important qui remettrait en question l’exclusivité des organismes gouvernementaux parmi les clients de NSO Group. Si l’entreprise derrière Pegasus travaille avec des sociétés privées comme client de son logiciel, la révélation pourrait provoquer une véritable onde de choc.

Pour Forbidden Stories, l’heure est encore à chercher de percer le mystère des pays actuellement clients de NSO Group. “Ce que l’on voit avec le projet Pegasus est très différent et encore plus inquiétant que ce qu’on voyait dans l’affaire Snowdenestime Laurent Richard, le directeur de Forbidden StoriesIci, on a à faire à une société privée qui vend un logiciel extrêmement intrusif, à des États connus pour leur politique répressive en matière de droits de l’Homme et contre des journalistes. Et on voit clairement que ces États détournent cet outil pour l’utiliser contre ces populations-là” ajoutait-il.

Lire aussi – Edward Snowden réagit au scandale Pegasus : « on est tous visés »

L’organisme et les journalistes en charge des recherches sont arrivés à retrouver l’identité de la plupart des victimes du logiciel d’espionnage. La cellule investigation de Radio France ajoute que des ministres et 13 chefs d’Etat ou de gouvernement sont actuellement la cible d’espionnage via Pegasus. En Europe, les noms de trois personnalités pourraient être dévoilés ces prochains jours.

Avec Pegasus, ce ne serait pas seulement leurs conversations téléphoniques qui seraient sur écoute. Le logiciel est bien plus efficace et peut recueillir l’ensemble des données stockées sur un smartphone. Les photos, les discussions par message et les répertoires sont bien évidemment concernés. D’une force militaire, les smartphones Android comme iOS (Apple) ne sont pas suffisamment protégés face au logiciel. Ce dernier peut même pénétrer un appareil à distance et sans éveiller le moindre soupçon à son utilisateur.

Dans l’ombre de Pegasus, de plus en plus de révélations de ce genre sont publiées dans la presse. Le rapport de Forbidden Story fait directement écho à Citizen Lab, en juillet et août 2020, qui avertissait de son côté que 36 smartphones appartenant à des journalistes de Al Jezeera étaient la cible de Pegasus. Un an avant, la puissante messagerie de Facebook WhatsApp portait aussi plainte contre NSO Group affirmant que Pegasus avait été utilisé pour accéder aux messages de l’application cryptée. Microsoft, Cisco, Dell et Google ont rejoint la lutte depuis.

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Par : Bitdefender
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