Cette semaine se tenait à Paris l’IAC (International Astronautical Congress), le plus grand salon dédié au spatial de l’hexagone. Plusieurs entreprises avaient donné rendez-vous à la presse sur l’un des 250 stands à l’occasion de ce congrès. Tout au long de la semaine, les annonces se sont multipliées.
En plus des spécialistes du spatial, des personnalités politiques étaient présentes sur le site. Dès l’ouverture c’est la Première ministre Elisabeth Borne qui a pris la parole. Elle a annoncé un plan de financement historique pour le spatial français. En tout ce sont 9 milliards d’euros qui seront mis sur la table dans les trois prochaines années par l’État. Un investissement qui servira surtout à la DGA (direction générale de l’armement) qui empoche à elle seule la somme de 5 milliards d’euros.
HyPrSpace et Unseenlabs : les start-up françaises se portent bien
En plus des annonces de financements, deux sociétés ont retenu notre attention au cours de ces quelques jours du côté de la Porte de Versailles. Tout d’abord, HyPrSpace. La start-up bordelaise a pour projet de construire son propre microlanceur « Orbital-Baguette-1 » raccourci en OB-1.
Si le premier vol n’est pas prévu pour de suite, le développement se passe bien et l’équipe peut compter sur l’arrivée de Jean-Philippe Dufour, ancien ingénieur du CNRS et l’un des premiers chefs de projets d’Ariane 6. HyPrSpace a récemment été récompensé aux côtés de Sirius Space par le plan de financement « France 2030 ».
Autre entreprise originaire de province, les rennais d’Unseenlabs propose une solution de suivi maritime par radiofréquence depuis l’espace. Leader mondial de leur domaine, la jeune société a annoncé lors de l’IAC la signature d’un partenariat avec la société Ursa Space.
Unseenlabs a également conclu un nouveau contrat concernant la construction de six satellites. Ils devraient sortir d’usine à la fin de l’année 2023 et prendre les airs dans les mois qui suivront. Ils complèteront la petite constellation de la firme, avec déjà 8 satellites en orbite.
Susie, la surprise d’ArianeGroup
Évidemment présent au sein de l’IAC, ArianeGroup est arrivée porte de Versailles avec un gros projet dans les cartons. Susie, un vaisseau spatial habité. Si l’idée est encore loin de se concrétiser, elle permet de se projeter et d’imaginer des vols habités 100 % européens dans les années à venir. Aux côtés de la Russie, la Chine et les États-Unis, l’Europe fait figure de vilain petit canard, elle qui ne dipose d’aucun solution de ce type.
Avec Susie les choses pourraient changer radicalement, mais reste à savoir si l’ESA, le CNES et les autres agences nationales accepteront d’aider ArianeGroup dans le financement d’un aussi gros projet. La société franco-allemande s’est bien gardée de donner une estimation des budgets nécessaires, mais on peut facilement imaginer que la facture finale dépassera les 1,9 milliard d’euros dédiés à Hermès, le dernier projet de navette spatiale habitable de l’Europe.
Eross : le satellite écolo
Enfin, l’IAC a aussi permis de découvrir des solutions spatiales moins conventionnelles. C’est le cas d’Eross, un projet soutenu par la Commission européenne. Il devrait faire une démonstration de ses capacités en orbite dès 2026. Proposée par la société Thalès Aerospace, Eross est un « vaisseau de dépannage permettant de conserver une orbite sur le long terme. » Comme l’explique l’entreprise, l’idée est de ravitailler et/ou changer des éléments d’un satellite directement dans l’espace.
Une telle manœuvre pourrait permettre de rallonger la durée de vie d’un satellite et ainsi proposer un premier élément de réponse à l’épineuse question de la surpopulation spatiale. L’Europe est très avancée sur ce point et le vieux continent veut nettoyer l’espace afin de faire cohabiter satellites et mégaconstellations sur la même orbite sans risquer des collisions à chaque révolution autour de la Terre.
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