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Essai Audi e-Tron S Sportback (2021) : le pari fou du SUV électrique et sportif

Audi lance l’e-tron S Sportback, une déclinaison plus sportive de la version “Sportback” (coupé) de son SUV électrique. Un pari osé, voire complètement fou, témoignant du savoir-faire du constructeur. Mais encore ?

Pour le quarantième anniversaire de la marque Quattro, Audi lance l’e-Tron S Sportback, une version plus sportive de son SUV électrique. Plus puissant mais aussi plus lourd, ce nouveau modèle reprend peu ou prou les ingrédients du modèle classique.

Pas question pour Audi de parler de modèle sport. L’e-Tron S Sportback se positionne entre un modèle classique et la lignée RS – vraie gamme sportive du constructeur allemand. En réalité, il dispose d’un regain de puissance (100 chevaux tout de même) bien pratique pour les relances et les insertions dans le trafic. Un supplément d’âme qui ravira, aussi, les amateurs de sensations fortes.

On ne peut toutefois s’empêcher de s’interroger sur l’idée même d’un tel véhicule. À ce jour, l’autonomie représente la principale contrainte des voitures électriques. Avec son premier SUV (lire notre essai de l’Audi e-Tron Sportback 55 Quattro), Audi parvenait à limiter la casse avec tout de même 350 kilomètres pour une charge complète.

Cette nouvelle version plus sportive gagne en puissance, mais s’alourdit d’un troisième moteur tout en conservant la même batterie. Difficile alors de se montrer optimiste quant à l’autonomie de cet engin de plus de 2 tonnes.

Nous avons pris le volant de l’Audi e-Tron S Sportback durant une journée. Après un trajet entre Paris et le centre d’essai de Mortefontaine (Oise), nous l’avons soumis à une série de tests sur circuit et ateliers. Que vaut le SUV électrique et sportif d’Audi ? Essai.

Ligne, habitacle, ergonomie

L’e-Tron S Sportback reprend en grande partie l’esthétique des modèles thermiques. On retrouve donc le design atypique d’un SUV coupé mêlant courbes arrondies et lignes anguleuses. Électrique oblige, les quatre sorties d’échappement disparaissent.

Parmi les changements les plus visibles, on citera les gardes-boue plus larges de 5 cm, les pneus de 285 mm montés sur des jantes de 20 à 22 pouces ainsi que des coques et supports de rétroviseurs argentés. Audi propose également de remplacer les miroirs traditionnels par deux caméras améliorant l’aérodynamisme.

Enfin, le logo « S » rouge disposé à l’avant et à l’arrière rappelle le caractère plus sportif de l’engin.

Pas de gros changements non plus à l’intérieur. Le constructeur mise toujours sur un habitacle noir et aluminium avec les équipements et finitions S-Line (cockpit virtuel, levier de vitesse façon manette d’avion, interface tactile, chargeur sans fil, etc.).

Seuls les sièges sport, le logo « S » (présent sur le volant, les sièges et le levier de vitesse) et les leds rouges autour du bouton de démarrage indiquent que nous sommes bien au volant d’un modèle plus sportif.

Notre version d’essai disposait des rétroviseurs-caméras, une option facturée 1800 euros. Les écrans de retour sont placés latéralement à l’avant des portes. Un positionnement déstabilisant, voire dangereux, le coup d’œil nous obligeant à brièvement détourner le regard de la route.

Audi ne révolutionne donc pas l’esthétique de son SUV mais apporte quelques touches ici et là justifiant son statut de modèle plus sportif. La position de conduite est agréable, l’intérieur spacieux et la sellerie confortable. En revanche, nous n’aurions pas été contre des finitions un poil plus premium, le plastique habillant l’essentiel de l’habitacle.

Performances et conduite

L’avantage d’un véhicule électrique, c’est qu’il n’oblige pas les ingénieurs à repenser complètement la motorisation pour obtenir le badge « S ». Pour améliorer les performances de l’e-Tron 55 Quattro, les cerveaux d’Audi ont ajouté un moteur sur l’essieu arrière. Tout simplement.

Cela alourdit la bête d’une cinquantaine de kilos, mais porte sa puissance à 503 chevaux, contre 408 auparavant dans la version la mieux équipée. Audi annonce un couple maxi de 973 Nm, une vitesse de pointe de 210 km/h mais surtout un 0 à 100 km/h en 4,5 secondes (en mode Boost/Sport).

essai audi etron s sportback acceleration
© Audi

Des chiffres crédibles au regard de notre expérience. Pied au plancher, l’e-tron S Sportback vous propulse à une vitesse fulgurante et vous rappelle au bon souvenir des lois de Newton. Votre corps entier se colle dans le fond du siège dans un silence assourdissant. En deux mots, ça décoiffe !

Si cette sensation s’estompe à mesure que l’on prend de la vitesse, les accélérations nécessaires aux dépassements rappellent à quel point cet e-Tron est puissant. On en oublierait presque que l’on conduit un SUV.

Au-delà de la vitesse et des accélérations, le troisième moteur apporte davantage d’agilité et de souplesse à la conduite. Il permet d’ajuster le couple entre les roues de droite et de gauche, en plus de l’avant et de l’arrière.

On peut alors enchaîner les courbes sans craindre une sortie de route, y compris sur sol humide. Bien aidé par l’ESP, l’e-Tron S Sportback maintient le cap dans les courbes plus serrées. Toujours sur circuit, on peut même s’autoriser une sortie de virage pied au plancher et roues avant légèrement contre-braquées façon drift.

Pour y parvenir, les ingénieurs ont développé un système aux antipodes de ce que l’on connaît jusqu’à maintenant. C’est la roue extérieure (et non intérieure) qui se charge de maintenir la trajectoire. Déroutant, mais redoutablement efficace.

essai audi etron s sportback route
© Presse-citron.net

S’il passe les différents ateliers d’essai avec brio (dérapages, freinage d’urgence, accélération en ligne droite, slalom, etc.), comme on va le voir, le naturel de l’e-Tron S Sportback revient au galop sur route.

Monté sur des jantes de 21 pouces (optionnelles), notre modèle d’essai a éprouvé plus de difficultés que l’e-Tron 55 Quattro à amortir les défauts de la chaussée. Ceci s’explique sans doute par les cales de bras inférieurs 50% plus rigides et les barres anti-roulis 20% plus raides. Des modifications nécessaires pour supporter les 50 kg supplémentaires du troisième moteur.

Cette version “S” a surtout tendance à causer quelques frayeurs dans l’approche des virages ou en cas d’arrêt d’urgence. Le système de freinage, bien qu’efficace, nécessite davantage d’anticipation pour ralentir ce monstre de 2,5 tonnes.

Autonomie, recharge

L’e-Tron S Sportback conserve la même batterie (95 kWh dont 86,5 kWh utiles) que la version 55 Quattro, mais est plus lourd et plus puissant. Audi revoit donc l’autonomie légèrement à la baisse : selon lui, comptez entre 354 et 368 km avec une charge pleine, soit une consommation de 26,9 à 27,6 kWh/100km (WLTP).

essai audi etron s sportback autonomie
© Audi

Dans les faits, ces estimations se révèlent bien optimistes. Lors de notre trajet entre Paris et le centre d’essai (environ 50 km en ville, sur autoroute et routes de campagne), nous avons enregistré une consommation de 31 kWh/100km soit une autonomie de 300 km pour une conduite raisonnable.

Après les essais sur circuit et plateau, la consommation grimpait à 36 kWh/100km soit une autonomie d’environ 260 km. Si vous considériez que l’e-Tron 55 Quattro manquait d’endurance, cette édition risque de vous décevoir.

Le système de freinage électrohydraulique « Brake-by-wire » promettait pourtant d’améliorer tout cela. Cette technologie assure une récupération de l’énergie lors du freinage en trois étapes : en roue libre, en simulation du frein moteur (à l’aide de commandes manuelles au volant) et en appuyant sur la pédale (système One pedal).

Le constructeur allemand annonce une récupération de 270 kW dès 100 km/h soit « plus que les 250 kW d’une Formule-E ». Insuffisant pour contrer les lois de la physique : puissance et embonpoint ne font pas bon ménage.

essai audi etron s sportback recharge
© Presse-citron.net

Pour rassurer les acheteurs, Audi compte sur un réseau de bornes de recharge de plus en plus étendu. En Europe le service Ionity compte 326 stations de recharge, dont 72 en France, et 144 sites Audi France sont équipés d’une borne de 50 kW.

L’e-Tron S Sportback se recharge à 80% en 30 mn et à 100% en 50 minutes sur les bornes de 150 kW (environ 15€ par charge pleine). Comptez 2h sur les bornes de 50 kW (0,25€/mn soit 30€), 4h sur du 22 kW (0,05€/mn soit 12€) et 8h30 sur du 11 kW (à domicile par exemple). Au regard de la consommation, on espère que vous aimez les aires d’autoroute.

Comme on pouvait s’y attendre, l’autonomie est le principal point faible de cet e-Tron S Sportback. Déplacer un engin de 2,5 tonnes avec une telle puissance requiert bien trop d’énergie pour une utilisation quotidienne confortable. Les ingénieurs font des merveilles, pas des miracles.

Notre avis sur l’Audi e-Tron S Sportback

Techniquement, l’e-Tron S Sportback s’impose comme un monstre de puissance. Au-delà de sa vitesse et son accélération, le 1er SUV électrique sportif d’Audi se montre étonnamment agile pour un engin de ce gabarit. S’il n’obligeait pas à anticiper davantage le freinage sur route, on en oublierait presque son poids de 2,5 tonnes.

Presque, car déplacer ce mastodonte avec tant de puissance nécessite aussi beaucoup d’énergie. Trop d’énergie. Ce qui vous obligera sans doute à passer beaucoup de temps près des stations de recharge. À moins que votre véhicule ne vous serve qu’aux trajets du quotidien, auquel cas l’intérêt d’un SUV électrique sportif à plus de 100 000 euros présente peu d’intérêt. Finalement cet e-Tron S Sportback incarne le nec plus ultra des SUV d’Audi. Une belle vitrine technologique, malheureusement peu recommandable pour un usage quotidien.

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Audi e-Tron S Sportback (2021)

96 600€
8

Ligne et finitions

9.0/10

Habitacle, confort

9.0/10

Performances

9.5/10

Tenue de route

8.5/10

Autonomie et recharge

4.0/10

On aime

  • Lignes élégantes
  • Confort et finitions
  • Performances
  • Comportement

On aime moins

  • Trop lourd
  • Autonomie beaucoup trop juste
  • Attention à bien anticiper les freinages
3 commentaires
3 commentaires
  1. «  Attention à bien anticiper les freinages »

    C’est quoi ce commentaire sur une donnée cruciale comme le freinage en 2021

    Soit vous avez des chiffres 100 à 0 en x mètres
    210 à 0 en x mètres et on peut comparer sur pièces et non au doigt mouillé

    Soit vous dites que ça ne freine pas assez

    Porsche sait freiner sans soucis plus de 2 tonnes avec la panamera

    Audi fait partie du même groupe
    Donc soyez précis et dites les choses correctement

    On voit que vous êtes pas de la partie pour les tests auto

    C’est pathétique votre amateurisme

    1. Bonjour,

      Je ne sais pas si je dois vous remercier pour ce commentaire très virulent camouflé derrière un pseudonyme témoignant de votre grand courage.

      Comme nous l’expliquons en introduction, nous avons essayé le véhicule le temps d’une journée seulement. Lorsque nous avons pu obtenir des données chiffrées, nous les avons intégrées à cet essai.

      Ne pas avoir ces chiffres ne doit pas nous empêcher de partager nos sensations de conduite. Après tout, c’est l’essence même d’un essai auto il me semble.

      Aussi, je m’interroge sur le sérieux de votre lecture. Il semble que vous n’ayez lu que l’encart avec les notes puisque précise dans le paragraphe “performances et conduite” :

      “Le système de freinage, bien qu’efficace, nécessite davantage d’anticipation pour ralentir ce monstre de 2,5 tonnes.”

      Auriez-vous commenté un peu trop vite ? Attention, l’amateurisme peut toucher n’importe qui, même vous.

      Bonne journée.

  2. Ben ma tesla x fait aussi 2.5 tonnes et la distance de freinage c est plus une habitude selon le véhicule! Et je freine plus court avec que qd je prend le c4 spacetourer de ma femme.
    Et arrêter une twingo lancée a 200km (🤣🤣)sera plus sportif que le “monstre” de 2,5t.
    Et il suffit de regarder les freins entre l audi et une caisse basique comme la spacetourer pour comprendre qui s arretera en premier lieu

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