Elle fut dévoilée un an auparavant. L’ID3, ou la toute première voiture électrique lancée par Volkswagen avec une plateforme dédiée (MEB), arrive sur nos routes en accusant un certain retard dû à des problèmes électroniques. Pas de quoi affoler un marché encore limité dans ses ventes mais à l’avenir certain. L’ID3 sera une concurrente à la Tesla Model 3, la voiture électrique la plus vendue dans le monde en 2019…
Volkswagen en a mesuré l’importance et s’attaque aujourd’hui à l’électromobilité. Dans son historique, une e-Golf encore limitée et une e-Up! réussie mais pénalisée par son autonomie. Le développement d’une plateforme adaptée et modulaire, qui servira à d’autres modèles de la gamme (dont le SUV ID4), en était devenu une priorité. En découle une berline compacte aux faux airs de monospace, dessinée dans l’esprit de réduire son coefficient de pénétration dans l’aire (Cx), et qui aura le mérite de faire retourner les curieux. Notre essai de la nouvelle Volkswagen ID3 2020.
Notre test de l’autonomie en condition réelle
Pour cet essai, nous avons pris la route en direction du parc naturel du Perche, situé à 150 km de Paris, notre point de départ. Au programme de cet aller-retour, de l’autoroute et de la petite départementale. Un tracé peu sinueux et principalement plat, qu’il faudra prendre en compte dans nos mesures. À notre départ, l’autonomie annoncée était de 326 km. Celle-ci est calculée via un algorithme prenant en compte la conduite des kilomètres précédents, réalisés par un autre conducteur.
Selon les mesures en cycle WLTP, Volkswagen affiche une autonomie de 420 km pour son ID3. Dotée de jantes de 20 pouces, notre monture aura perdu une bonne partie de sa charge sur l’autoroute, là où la batterie située sous le plancher fût la plus sollicitée durant notre parcours. À vitesse stabilisée à 130 km/h, les 300 km en une charge seront difficiles. La voiture possède une batterie de 58 kWh et il serait délicat de pouvoir en tirer plus, alors que la consommation du moteur ne peut descendre sous la barre des 20 kWh.
Une fois l’autoroute quittée, nous découvrons les spécificités de la conduite en mode éco. La pédale d’accélérateur laisse de côté son répondant mais cela est loin d’être problématique pour s’insérer dans le trafic. Nous n’avons pas cherché à se lancer dans un test en conduite la plus économique possible, mais à 80 km/h et avec le mode « B » enclenché (avec le freinage régénératif directement en relâchant l’accélérateur), l’autonomie sera davantage aux alentours des 350 kms.
Où recharger l’ID3 ?
Pour la recharge, Volkswagen profite heureusement du réseau Ionity, un consortium auquel la marque fait partie et possède des prix plus avantageux. Outre les bornes de 11 kW sur les réseaux publics et privés et les prises domestiques qui demanderont 30 heures de recharge pour une charge complète, ces chargeurs rapides sont indispensables pour des longs trajets.
Pour l’ID3, la puissance de charge se limite à 100 kW. Il n’est pas attendu que celle-ci augmente lors de prochaines mises à jour, malgré le fait que les nouveaux chargeurs Ionity puissent désormais proposer des charges jusqu’à 350 kW. En l’espace de 30 minutes, vous pourrez récupérer près de 80 % de la charge.
Pour la recharge, Volkswagen profite heureusement du réseau Ionity
En revanche, Volkswagen facture ses clients. Trois forfaits existent. Le premier, sans mensualité, avec un tarif de 0,79 € à la minute. Le second à 7,49 € par mois de mensualité permet de payer 0,55 € à la minute. Enfin, le dernier à 17,49 € par mois, abaisse le prix à la minute de recharge sur Ionity à 0,33 €.
Généralement, un client restera un peu plus de 30 minutes branché, pour récupérer l’autonomie nécessaire à son parcours. En reste que les deux abonnements We Charge (Go et Plus) ont l’avantage de ne pas faire payer son client sur les bornes de recharge publique sur le prix fixe de session (30 centimes sur l’abonnement gratuit de Volkswagen).
À bord de l’ID3
Pour son premier modèle entièrement tourné vers l’électrique, Volkswagen a pris le parti d’optimiser au mieux le design pour offrir un coefficient de pénétration dans l’air optimal. Il est mesuré avec un Cx de 0,27. Esthétiquement, cela réussit à cette ID3 qui affiche un style tout à fait atypique et jovial.
Simple et assez futuriste, le style est moins bien reçu dans l’habitacle, où l’on constate les contraintes de poids et de coût du véhicule. L’habitacle est minimaliste pour ne pas dire cheap en vue du prix de l’auto (notre version 1st Max à l’essai débute à 49 990 €). La planche de bord, la console centrale et l’habillage des portes avant et arrière est entièrement fait de plastique. Volkswagen ne nous avait pas habitué à cela et pour le coup, une Tesla Model 3 donnera une sensation de qualité plus importante.
Dans l’habitacle, on constate les contraintes de poids et de coût du véhicule
Fraîchement dévoilé au moment même de notre essai, le SUV électrique ID4 possède un habitacle presque identique à celui de l’ID3. La présentation de son grand frère montre bien que Volkswagen a suivi une stratégie de réduction des coûts pour encaisser les milliards d’euros investis dans le développement de sa nouvelle plateforme, son moteur et ses batteries.
Cela se retrouve dans les équipements. À l’image des haut-parleurs à l’arrière, qui sont indisponibles jusqu’au niveau de finition Tech (le 4ème), à 44 490 €. Un choix délicat, en 2020…
Volkswagen a suivi une stratégie de réduction des coûts pour encaisser les milliards d’euros investis dans le développement de sa nouvelle plateforme, son moteur et ses batteries
Globalement, la position de conduite est bonne. Mais malgré un pare-brise suffisamment large, les doubles montants sont un peu gênants. Les contraintes de Cx et du style extérieur en pénalisent d’autant plus la rétrovision. Qu’il s’agisse des petits rétroviseurs extérieurs (empruntés à la Seat Leon ?) ou de la lunette arrière, difficile d’y voir grand-chose à l’arrière de la Volkswagen ID3.
De la taille d’une Golf, avec une meilleure habitabilité
La sensation de confort n’est donc au niveau d’une Golf ou d’un Passat, vous l’aurez compris. En revanche, la Volkswagen ID3 profite de son architecture adaptée pour offrir un espace assez satisfaisant pour une berline compacte de la taille d’une Golf. A l’arrière, deux adultes rentreront aisément. La cinquième place au milieu de la plage arrière n’est pas gênée par un tunnel central, mais ne profite pas de la même largeur que les deux autres.
Le coffre, de son côté, affiche 385 litres avec un double fond pour déposer les câbles de recharge. Son format est large et suffisamment long, mais on aurait apprécié avoir légèrement plus de fond et un seuil plus bas. Pour le coup, la faute provient du moteur. Prenons le volant pour en parler.
Une propulsion, lourde mais agile
La Volkswagen ID3 est une berline compacte de 4,35 mètres. En comparaison, la Model 3 de Tesla mesure 4,69 m, avec une silhouette totalement différente. Ici, la firme allemande a choisi un style orienté monospace. Les portes-à-faux avant et arrière sont très réduits et les roues bénéficient d’un empattement conséquent malgré la taille de l’auto. Tout ceci pour ajouter un excellent rayon de braquage à 10,2 mètres (9,8 m pour la Up!), et grâce à un moteur positionné sur l’essieu arrière. Oui, la Volkswagen ID3 est bien une propulsion.
À son volant, cette sensation d’agilité est flagrante. Les manœuvres en villes sont très simples et la voiture est très bien assise sur ses appuis en courbe avec ses batteries situées sous le plancher et son centre de gravité très bas. Décidément, ces dernières années, l’automobile électrique a montré ses avantages en termes d’agréments de conduite, en plus d’un silence luxueux. À ce sujet, la Volkswagen ID3 profite d’une insonorisation dans la moyenne.
En revanche, le poids de la voiture est conséquent. Là où son gabarit pourrait nous donner l’impression d’une voiture de 1,3 tonne, Volkswagen n’a pas d’autre choix que de proposer son ID3 avec une masse de 1,8 tonne. Les batteries sont responsables de 376 kg. En accélération, les 204 ch du moteur couplé à la batterie de 58 kW sont satisfaisants. On sait que Tesla propose des performances bien plus élevées, mais le 0 à 100 de la compacte se réalise en un peu plus de 7 secondes tout de même.
Point commun avec la Tesla Model 3 ou encore la BMW i3, l’ID3 enclenche sa marche avant ou arrière via un commodo placé derrière le volant et à la hauteur de l’écran d’instrumentation. En mode marche, « D » pour Drive, la voiture profite d’une inertie très utile au moment de relâcher l’accélérateur.
Mais Volkswagen a eu l’intelligence de ne pas trancher comparé à d’autres constructeurs et propose également un mode « B », pour Brake, qui vient actionner le frein moteur regénératif au moment du levé de pied de l’accélérateur. Comme sur une Tesla (bien qu’il soit plus puissant chez l’Américain), il est ainsi possible de conduire que d’une seule pédale. Un mode particulièrement utile en ville ou sur des parcours sinueux pour aller récupérer le maximum de batterie et gagner en simplicité d’utilisation.
Sinon, on regrette que la direction ne soit pas un peu plus précise pour accuser le poids de l’auto qui prend tout de même un peu de roulis passé 70 km/h. Même chose pour la pédale de frein, qui manque de sensibilité et qui a de quoi surprendre sur les premières heures d’utilisation.
Quelques difficultés d’ergonomie
Toujours au volant pour l’essai de la Volkswagen ID3, il faut noter que les différentes commandes ne sont pas toutes aussi simples que la marque le laisse penser. La plupart des commandes se gèrent depuis la tablette d’info-divertissement centrale, mais des fonctionnalités comme le régulateur adaptatif se gèrent directement depuis le volant. Volkswagen propose des boutons tactiles à retour haptique qui viennent compliquer la simplicité d’affichage. À plusieurs reprises et pendant notre journée d’essai, la mise en place, le paramétrage et la désactivation du régulateur furent compliqués pour ne pas dire pénible. Enfin, les raccourcis commandes de l’écran tactile auraient peut-être été plus pratiques sous la forme de boutons physiques.
Enfin, un point qui nous questionne toujours chez Volkswagen, au sujet des quatre prises USB situées à l’avant et à l’arrière. Le constructeur ne propose plus de port micro-USB et les passagers devront s’équiper de nouveaux câbles à entrée USB-C pour pouvoir recharger leur appareil. Difficile d’en comprendre la raison, et cela conforte notre avis sur la Volkswagen ID3.
Bilan et avis sur la Volkswagen ID3
Pour faire oublier le Dieselgate, Volkswagen a souhaité sortir au plus vite une concurrente à la Tesla Model 3. Malheureusement, pour plus de 40 000 euros, l’aspect qualitatif des matériaux que Volkswagen nous avait habitué est un peu plus en décalage ici, la faute au prix des technologies, à la recherche de poids et de place, mais également à la précipitation. Malgré des mois de retard, le constructeur de Wolfsburg s’attaque à la fois au segment le plus intéressé par la voiture électrique, et en même temps le plus à cheval sur les prix.
Après un essai de l’Audi e-tron Sportback plus que réussi, la nouvelle gamme électrique de Volkswagen initiée par l’ID3 présente ce qu’un constructeur généraliste premium peut proposer sur le marché de l’électrique, et cela a de quoi en décevoir beaucoup, qui ne retrouveront pas pour tout de suite le côté cossu et premium des Golf et Passat. Il faudra aussi encore quelques années avant que le réseau Ionity soit confortable pour se déplacer sur de longues distances. Les avancées sont bien là, mais pour l’heure, la Volkswagen ID3 accuse encore le poids de son prix.
Prix de la Volkswagen ID3
A l’inverse des véhicules électriques à plus de 60 000 euros, Volkswagen profite encore d’un bonus écologique sur son ID3, d’un montant de 7 000 euros. Celui-ci sera donc à déduire des prix TTC de la Volkswagen ID3 affichés ci-dessous.
Volkswagen ID3 à partir de 37 990 € TTC
- Volkswagen ID3 Life : 37 990 €
- Volkswagen ID3 Business : 41 890 €
- Volkswagen ID3 Family : 43 490 €
- Volkswagen ID3 Tech : 44 990 €
- Volkswagen ID3 Tour : 48 990 €
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Et ce n’est pas dans cette même précipitation qu’un constructeur rattrapera les années d’avance de Tesla en matière de développement de conduite autonome.
D’ailleurs vous n’évoquez pas ce chapitre pour l’ID3, c’est normal ?
La conduite autonome n’a aucun intérêt pour nous europeens. Tesla n’est nullement en avance là dessus. si sa voiture fait merveille sur les autoroutes à 4/5 bandes des states sur leurs boulevards hyper larges et leur places de parking de 6/7m de long et 3m de large. Dans nos petites rues, à chaussée défoncée et autoroutes encombrées à bandes étroite, dans nos places de parking au chausse pied et nos routes tortueuses l’auto pilot ne vaut strictement rien et t’enverra dans le mur, le fossé dans 100% des cas.
Tesla a depuis plusieurs années un système de cartographie plus affiné que TomTom ou GoogleMaps qui, il y encore 2 ans, était capable de gérer 90% des routes (dont macadam) de la planète ; ce n’est qu’une question d’affinage 😉
Après vous pouvez toujours demandez aux chauffeurs (Uber) Suisses, les bénéfices de la conduite autonome de la Model3 en embouteillages ; c’est top pratique !
Il ne faut pas dire n’importe quoi. Tesla est en avance sur ce sujet, point et probablement en vain. Mais l’Europe n’est pas prête à la conduite autonome. Les gens n’adhèrent pas totalement, les assureurs cherchent de la fiabilité, et quoiqu’il en soit les marques mettent leur R&D sur l’énergie du futur, pas sur l’autonomie. La conduite autonome c’est pas pour maintenant, mais pour dans 10 ans, ou plus.
Cher Monsieur, après presque deux ans avec ma model 3 et près de 45000 km, je peux vous dire que je ne pourrai plus me passer de l’autopilot, que ce soit sur l’autoroute ou la route. Il ne m’a jamais mis en danger ni les autres. le calme et la sécurité apportés sont exceptionnels.
Je vous invite à avoir un accès sur le groupe Facebook créé pour les first movers club, aucun avis positif, tout le monde en panne et un constructeur inexistant. 3 semaines en ma possession, 6 pannes. Fuyez.
Belle bête en effet. Mais attention aux limitations de charge de l id 3 au passage ;-). J ai une id3 pro 56kw. Elle est donnée pour accepter une recharge DC à 100kw et après 5000km et 5 retours chez VW, impossible de charger à plus de 45kw en moyenne ( pic a 70kw 3 min et ensuite tout s’écroule). Donc amis rouleurs, ne pensez par faire le plein (20 a 80%) en moins de 30 min comme l’annonce VW et cet article, comptez plutôt le double voir le triple, même sur les bornes 250kw de Ionity, surtout si la température descend au dessous de 15°. Sinon, l id3 est une super bagnole.
Intéressant ! Merci pour ce retour.
Il est clair qu’à ce niveau de prix on est loin des équipements de la Tesla. Avec un milieu de gamme vous prenez peinture métal toit ouvrant et pompe à chaleur et hop, plus de bonus.J attends encore la sortie de la Megane électrique pour me faire un avis definitif mais je pense que je vais certainement opter pour la nouvelle version de la Model 3 propulsion qui offre le meilleur rapport prix/prestations.
Pour VW il y a aussi la lourde ardoise du dieselgate à payer et j ai peur qu ils rognent sur la qualité et gonflent les prix. Un peu ce que faisait Carlos Gohn chez Nissan puis chez Renault mais pour d ‘ autres raisons.