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Nissan devient “un investissement spéculatif”, quelles conséquences ?

L’agence d’analyses financières Standard & Poor’s donne le ton sur les marchés et Nissan vient d’en payer les conséquences.

L’Alliance Renault-Nissan est en train de voir son organisation rééquilibrée. Les négociations pourraient déboucher sur un divorce, et si ce n’est pas le cas, les cartes seront dans tous les cas rebattues entre les deux constructeurs. Nissan, sur un marché porté par un nouveau souffle, pensait pouvoir avoir de nouvelles billes pour s’imposer. Mais un nouvel obstacle vient de se glisser, qui aura un impact certain sur son image en Bourse.

Une importante agence d’analyses financières américaine vient de lui mettre des bâtons dans les roues. Standard & Poor’s, l’un des deux leaders avec Moody’s dans la notation des entreprises en Bourse, a abaissé sa note de BBB- à BB+, rétrogradant Nissan au rang d’un investissement jugé “spéculatif”. Pas très sérieux pour une entreprise de cette taille, surtout à l’heure où les acteurs du marché automobile ont besoin de se montrer plus que présentables pour gagner la confiance et les capitaux des investisseurs.

Nissan n’arrive pas à suivre

Dans le détail, les perspectives de Nissan restent néanmoins “stables”. Tout n’est pas catastrophique, mais tout de même. En plein bras de fer avec Renault pour revoir sa place au sein de l’Alliance Renault-Nissan, le constructeur japonais ne fait pas partie de la nouvelle stratégie de scission financière de la marque au Losange a entraîné la création des entités Ampere (pour l’activité électrique) et Horse (pour le thermique).

Laissé de côté, Nissan perdrait automatiquement du pouvoir sur la scène – du moins jusqu’à qu’une vraie stratégie solide et gagnante ne prenne le relais sans son bras droit Renault en tant qu’actionnaire (43,4 % des parts).

En chiffres, se pencher sur les marges d’exploitation est un moyen de voir que le modèle de Nissan ne sera pas aussi profitable que celui des autres. Il devrait rester “entre 4,5 et 5,5 % au cours des deux prochaines années”, justifiait de sa nouvelle note Standard & Poor’s. En face, Renault planche sur un Ebitda de 6,13 % cette année, et Volkswagen a d’ores et déjà donné 7,45 % et 7,60 % de marges d’exploitation pour 2023 et 2024 respectivement. Les meilleurs de la catégorie sont Ferrari (23 %) et BMW (17 %) selon leurs chiffres de 2021.

Pour faire face à la baisse de la demande, en Europe comme aux États-Unis, tout comme la pénurie des composants, les constructeurs ont tourné leur stratégie sur une hausse des prix et une baisse des coûts, de quoi augmenter leurs marges. Mais Nissan ne semble pas arriver à redresser la barre – ses profits par voiture en 2022 n’étaient que de 802 $ contre 1 759 $ pour Toyota par exemple. Malgré des bénéfices annoncés à plus d’un milliard d’euros pour 2023, cela poussera toujours le constructeur a annoncé une baisse de plus de 28 % comparé à son précédent exercice.

Les conséquences

Standard & Poor’s est pessimiste : “il est improbable que la rentabilité et les ventes mondiales de Nissan se redressent fortement” commentait l’agence. Un avis qui n’est pas pris à la légère et qui pourrait casser la tendance haussière de Nissan en Bourse. À l’heure actuelle, ce n’est pas le cas. Mais si le titre a pris 32 % depuis le 16 janvier dernier, c’est en grande partie par rapport aux rumeurs de reventes de parts dans Nissan par Renault, pour passer de 43,4 % à seulement 15 %. Selon ces rumeurs, Renault pourrait revendre ses titres à plus de 1000 yens, ce qui valoriserait Nissan deux fois plus que ce qu’il est en réellement sur la place de marché de Tokyo aujourd’hui.

Les actionnaires sont donc bien motivés à rester à l’achat, mais tout cela ne durera qu’un temps. Le caractère très ponctuel et limité de la hausse est plutôt bien traduit par les différents analystes. Yoshitaka Ishiyama de Mizuho Securities, commentait aussi : “nous ne voyons aucun délai pour que Nissan rachète ses actions, donc l’impact à court terme de l’accord sur le cours de l’action est limité”. Il faut dire qu’à plus de 1000 yens chaque titre, Nissan aurait besoin de 1200 milliards de yens (8,27 milliards d’euros) pour les racheter.

La nouvelle notation de Standard & Poor’s traduit la situation actuelle de Nissan, qui n’arrive pas bien à tourner la page de l’Alliance Renault-Nissan malgré son fort désir de l’entreprendre depuis la fin de l’ère Ghosn. Mais comme vous l’aurez compris, la rétrogradation dans la catégorie “investissement spéculatif” ne poussera en aucun cas l’entreprise vers le haut, alors que 23 % de ses ventes sont réalisées dans le pays d’origine de l’agence de notation par ailleurs.

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