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Prêt garanti par l’État (PGE) : les néo-banques se heurtent à leur jeunesse

Sans être encore des établissements de crédit, les néo-banques pour professionnels sont dans l’incapacité de répondre à l’urgence actuelle des besoins de financement.

Le besoin est urgent pour ne pas mettre la clé sous la porte. En cette situation critique pour les TPE et PME – dont l’épidémie du coronavirus s’avère être un vrai cauchemar – le besoin de financement est impératif mais l’aide de l’Etat pour faciliter les accords de prêts bancaires ne sera pas disponible pour tous. Chez les entreprises qui ont choisi de faire confiance aux nouvelles néo-banques B2B, c’est la douche froide. Encore incompétentes en matière d’établissement de crédit, ces banques 2.0 font face à leur plus grande difficulté : leur prématurité.

Le PGE à l’origine du problème

C’est une course contre la montre dans laquelle les néo-banques comme Qonto et Shine ne peuvent malheureusement pas contrôler la cadence. À l’heure actuelle, elles ne disposent que de l’agrément “d’établissement de paiement”, qui leur permet d’offrir les offres bancaires que l’on connaît aujourd’hui. Auprès de l’ACPR, leur migration en direction du statut “d’établissement de crédit” (comme les banques traditionnelles) n’est prévue que pour la fin d’année. « Déjà un calendrier ambitieux » déclarait Alexandre Prot, le PDG de Qonto, dans un entretien avec le Journal du Net.

Concrètement, le problème est survenu lorsque le gouvernement a lancé son PGE, le Prêt Garanti par l’Etat. Il permet aux banques de pouvoir continuer à octroyer des prêts à leurs clients professionnels, malgré les risques accrus de faillites liés à l’épidémie de coronavirus. Une bouée de sauvetage, que ce soit pour les banques ou les entreprises clientes, mais qui ne pourra malheureusement pas profiter aux nouveaux établissements du paysage de la fintech. Ironie du sort, l’idée originale d’Alexandre Prot était de “faire en sorte que les TPE/PME ne soient plus les laissées-pour-compte de la révolution fintech” expliquait-il l’année dernière, dans une interview à Presse-citron. Cette mauvaise passe ne durera qu’un temps – mais s’il y a bien une période dans laquelle les néo-banques pour professionnels ne peuvent pas s’élever en compte bancaire principal (et unique), c’est bien celle que nous traversons aujourd’hui.

Une question de modèle ou de maturité ?

Bien évidemment, tous les clients des néo-banques pour professionnels n’ont pas décidé de faire de ces établissements leur compte principal. Pour autant, le nombre de personnes concernées par cette difficulté est bien plus important qu’on pourrait le penser. Chez Qonto, qui compte 75 000 clients à l’heure actuelle, les derniers chiffres estiment à 50 % la part des clients dans cette situation embarrassante, qui n’ont que la néo-banque comme offre bancaire.

D’où vient le problème ? La mauvaise publicité que se font aujourd’hui ces établissements ne remet pas en question la responsabilité de leurs offres et leur stratégie. La première raison de cette situation est relative à un problème de temps et d’administratif, avant que les néo-banques pour professionnels puissent devenir de véritables établissements de crédits – ce qu’elles ambitionnent d’être.

En même temps, tous les établissements ne sont pas non plus dans le même état d’esprit : chez les banques en ligne, Boursorama Banque se retrouve dans la même situation, alors qu’elle-même ne dispose pas d’agrément pour offrir du crédit. « Nous allons offrir les 3 prochains mois sur Boursorama Pro, qui est l’offre pour les entrepreneurs individuels. Comme nous ne faisons pas de crédit pour eux puisque nous n’avons pas l’agrément pour faire du crédit – nous ne pouvons pas non plus proposer le Prêt Garanti par l’État » déploirait Benoît Grisoni, le directeur général de Boursorama, à Presse-citron.

Quand certains sont pénalisés par le temps, d’autres voient en leur modèle d’établissement de paiement 100% numérisé une voie prometteuse pour limiter les coûts de leurs clients. Mais à la différence des néo-banques, une banque en ligne peut se reposer sur sa maison mère (et son établissement traditionnel) qui propose du crédit. Le recours possible pour les néo-banques aurait été de se trouver des partenaires, l’instar de Manager.one qui propose du crédit via son accord avec la banque Wormser Frères et qui a pu se retrouver dans une meilleure posture face à la crise. Les établissements comme Qonto et Shine n’ont en revanche pas cherché à construire de tels accords, alors que leur objectif est de lancer leurs propres produits bancaires.

L’épidémie de COVID-19 et ses répercussions économiques risque de largement pénaliser l’image des néo-banques. Mises à mal par leur principal défaut – leur manque de maturité – il ne leur reste plus qu’à espérer que la période ne soit pas si néfaste pour leur image. À l’heure actuelle, l’une des dernières bouée de sauvetage est Bpifrance : « Nous cherchons à voir comment Bpifrance pourrait faire des prêts en direct aux clients des néo-banques qui n’ont pas de compte dans une banque traditionnelle », répondait Alexandre Prot à nos confrères du Journal Du Net, en espérant que cette situation soit la dernière à devoir lui faire reconnaître la nécessité pour ses actuels clients de garder un compte dans une banque historique…

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