« Tesla a la chance d’avoir des clients extrêmement patients », commentait Barry Stuppler, un propriétaire de longue date de Tesla dans les colonnes de CNBC le mois dernier. Après avoir commandé la nouvelle Model S Plaid en janvier, l’homme s’était séparé de son ancienne Tesla plus âgée qu’il avait laissé à son petit-fils.
Il aura dû attendre cinq mois, comme tous les autres, pour avoir enfin des nouvelles de la Tesla la plus extravagante de la gamme actuelle. À Fremont, tout proche de l’usine historique de la marque, Elon Musk a tenu un discours pour annoncer le début des livraisons et les détails définitifs de la berline.
Une démonstration à huis clos
Peu après 20h40 en Californie (5h40 en France), le patron de Tesla est arrivé en grande pompe au volant de la nouvelle berline. Mais c’était sans compter sur les problèmes de caméra et de micro du direct pour que l’on ne puisse pas voir réellement la Model S Plaid en démonstration.
Les rumeurs de grand spectacle et de surprises ne se sont pas concrétisées. Tesla a organisé un événement des plus classiques pour la sortie de la Model S Plaid. Pourtant, la piste d’essai et les quelques installations préparées la veille avaient de quoi annoncer des ateliers intéressants pour la voiture. Certains prévoyaient que Tesla mette l’accent sur la sécurité avec un atelier et une démonstration de crash. Il n’en fût rien.
Pour en découvrir davantage des capacités de la voiture, il fallait faire partie des invités sur place. « Il faut le sentir pour le croire » écrivait d’ailleurs Elon Musk sur Twitter il y a quatre jours. Au centre des attentions : l’accélération de 0 à 96 km/h abattue en seulement 1,99 seconde, de quoi faire de la Model S Plaid la voiture de production la plus rapide sur l’exercice parmi toutes les voitures de série de l’histoire.
I’m mildly disoriented in the very best of ways after that. 😂 Holy sh*t @elonmusk @Tesla pic.twitter.com/pFf9UATC9d
— Ryan McCaffrey (@DMC_Ryan) June 11, 2021
Un événement et une production en retard
Toutefois, l’événement diffusé en direct sur YouTube a réussi à réunir 80 000 internautes en temps réel. Tesla les remerciera de leur patience après avoir repoussé d’une semaine la date du rendez-vous, et d’une heure et trente minutes le début des festivités. Les premiers clients à avoir passé commande en janvier s’attendaient à des livraisons courant février, puis courant mars.
Surprenant également, le configurateur Tesla a rehaussé le prix de la berline de 10 000 $ plus tôt jeudi, de quoi peut-être, donner du baume au cœur aux clients de ces derniers mois pour avoir évité de payer leur exemplaire à 130 000 $. Mais là encore, Elon Musk n’en a pas accordé un mot sur scène, préférant parler de l’urgence des livraisons.
À la suite de l’événement, 25 exemplaires de la Model S Plaid sont partis de Fremont, à destination des premiers clients. Il faudra attendre le trimestre prochain pour que le volume de livraisons passe à 1000 unités par semaine.
Une Model S plus efficiente
La principale information à retenir de la conférence concerne l’architecture des trois moteurs électriques présente sur la berline. Un nouveau rotor travaillé en fibre de carbone et en cuivre équipe le modèle, « une première » à la connaissance de Tesla.
« C’est une chose très difficile à faire, car le carbone et le cuivre ont des taux de dilatation thermique très différents. Afin d’avoir un rotor enveloppé de carbone, vous devez l’enrouler avec une tension extrêmement élevée », expliquait Elon Musk. De nouvelles machines sont nécessaires sur les chaînes de production, ce qui explique peut-être le retard des livraisons.
En parallèle, les batteries proposent une disposition revue, mais Tesla n’a pas donné plus de détails sur ce point, ni même celui des cellules. Pour être plus efficiente, la Model S Plaid revendique surtout un taux de pénétration dans l’air record dans la gamme de seulement 0,208. La recharge ultra-rapide avec des Superchargeurs de 350 kW sera aussi disponible, mais Elon Musk n’a pas indiqué de calendrier.
Le surplus de puissance des trois moteurs comparé à la Model S Performance de 2019 sera encaissé par une pompe à chaleur plus efficace, inspirée de la Model 3. « La différence est de l’ordre de 30 % par temps froid, le nouveau système nécessite 50 % d’énergie en moins pour le chauffage de la cabine par temps glacial », précisait Elon Musk.
Dans l’habitacle
À l’intérieur, le nouvel écran de 17 pouces avec une résolution de 2200×1300 pixels confirme bien l’intégration d’un processeur graphique aussi puissant que celui d’une PS5. Si les clients ne sont pas en train de jouer à des jeux AAA, ils profiteront alors de la nouvelle interface d’infodivertissement aux solutions de configurations plus nombreuses.
À l’arrière, les deux places des passagers sont plus confortables : Tesla dit avoir revu leur disposition pour ajouter plus d’espace. Elon Musk n’est pas revenu sur le sujet du volant sans arceau supérieur. Nous ne savons pas s’il s’agit d’une option ou non. La question ne tardera pas à se poser, notamment pour l’arrivée de la Model S Plaid en Europe.
Enfin, au sujet de la transmission, les clients découvriront la première Tesla équipée du nouveau système de gestion automatique et intelligente pour sélectionner la marche avant, arrière ou le point mort (« autoshift »). Elon Musk dit que les clients n’auront plus rien à faire. Un autre pas vers la voiture autonome.
Un contexte concurrentiel
Tesla est revenue à Fremont pour raviver sa berline âgée d’une décennie, déjà. Il s’agit de la quatrième génération de la Model S alors que le premier modèle est sorti en 2012. Pour combler plusieurs semaines sans production, Tesla compte bien passer la seconde.« Nous devons montrer qu’une voiture électrique est la meilleure des voitures, haut la main », s’enthousiasmait le patron du constructeur.
Maintenant, le contexte n’est plus le même et l’on comprend que Tesla ne pourra pas se reposer sur ses lauriers bien longtemps. Chez Mercedes, la EQS arrive et Volkswagen concurrence déjà Tesla en Europe avec son ID3 et ID4. Chez les outsiders aussi, Lucid Motors n’est plus très loin. Porsche et sa Taycan sont aussi là.
Enfin, Tesla ressort tout juste d’une série de complications et de doutes politiques en Chine où elle opère les ventes de ses Model 3 et Model Y sur une cadence élevée. Il y a deux semaines, un rapport publié par The Information dressait un constat alarmant des ventes sur place, annonçant des difficultés chez le constructeur.
Les résultats du mois de mai ont finalement montré aux analystes de la Deutsche Bank que Tesla se trouvait actuellement sur un bon rythme.
« Nous considérons les données de mai comme positives pour Tesla, non seulement réfutant les inquiétudes concernant l’effondrement de la demande, mais montrant également qu’entre les ventes au détail locales et les exportations, Tesla a essentiellement vendu toute sa capacité de production du Model 3 en avril et en mai, et le Model Y est monté en puissance en Chine », publiait les analystes de l’établissement.
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