Il y a des secteurs dans lesquels Bpifrance ne s’attire pas que des heureux. Le Web3 et la crypto-monnaie en sont les meilleurs exemples. Pour la banque d’investissement qui disait vouloir se tourner exclusivement vers des projets verts, investir dans la finance décentralisée est délicat. Les affaires de FTX et l’effondrement du marché n’ont pas aidé. Mais pour rester compétitif, malgré une échelle loin d’être égale à celle de l’investissement outre-Atlantique par exemple, il faudra faire la sourde oreille.
Comme le rappelait L’Usine Digitale, un projet de fonds Web3, dans lequel ne seront pas investis des euros mais des tokens, montre que Bpifrance continuera d’investir dans la blockchain et les crypto-monnaies cette année 2023. Entraînée par Nicolas Dufourq, qui vient d’ailleurs d’être reconduit à la tête de la banque d’investissement, la stratégie ne faiblit pas. Et ce, malgré une réglementation PSAN qui a de quoi faire peur à plus d’un acteur, en amont de la loi européenne MiCA.
L’ancien inspecteur des finances de 59 ans poursuit sa carrière chez Bpifrance, poste qu’il occupe depuis déjà 10 ans et la création de l’organisme en 2013, sous l’impulsion de François Hollande. Pour continuer à investir malgré les critiques, sur des secteurs aussi controversés et pourtant très stratégiques de la crypto-monnaie, il a avec lui la confiance du plus grand nombre. “Il a réussi avec ses équipes à faire de Bpifrance une banque publique moderne qui répond aux enjeux des entreprises, parfois sur des sujets très pointus comme le financement des startups”, citait quelqu’un du milieu Le Figaro.
Pour continuer de rester transparent et ne pas s’attirer des ennuis avec une image de banque qui gaspillerait l’argent des contribuables, une nouvelle tête à la communication vient d’arriver. Julien Noronha travaillait déjà avec Bpifrance depuis 4 ans et passe aujourd’hui directeur de la communication. Lorsqu’il commençait, ils n’étaient que 6 à travailler avec lui. Aujourd’hui, il dirige une équipe de 40 personnes. De cette communication, Bpifrance soigne son image, mais rayonne aussi davantage pour aller chercher les entrepreneurs et les projets sur lesquels investir à l’avenir.
Bpifrance et la crypto-monnaie
Aujourd’hui pourtant, Bpifrance n’est pas beaucoup exposé dans des projets liés de près ou de loin à la crypto-monnaie. On parle de 75 millions d’euros, dont 30 millions de financement sous la forme de prêts et de subventions. Les investissements directs ne participent que pour 10 millions d’euros, ce qui donne un ordre d’idée de la participation timide de la banque publique d’investissement dans le secteur aujourd’hui, malgré 70 participations dans 90 opérations de l’Hexagone.
Pour accélérer, l’idée de Bpifrance est d’aller mettre les mains à la pâte et investir directement en tokens. L’organisme souhaite en apprendre davantage du secteur et aller lui-même se rendre compte des opportunités et des notions du marché en utilisant directement des crypto-monnaies en guise d’investissement.
“En tant que banque, il est important pour nous d’apprendre à maîtriser le fonctionnement de ces opérations ; et ce serait un moyen de pouvoir soutenir des entreprises qui font des levées de fonds en tokens, qui sont une nouvelle classe d’actifs numériques, un objet financier encore pas très bien identifié”, expliquait Ivan de Lastours, Blockchain & crypto lead chez Bpifrance à L’Usine Digitale.
Un bilan annuel sur l’année 2022 est planifié pour le 16 février prochain. L’occasion de découvrir plus en détail la répartition des fonds injectés dans les différents secteurs où s’investissent les startups de la French Tech, et les perspectives pour 2023.
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