A en croire une enquête BBC, Taïwan est réellement aux avant-postes de la lutte mondiale contre le spam téléphonique. Beaucoup de nouvelles arnaques font leurs débuts sur l’île avant de se propager en Chine continentale, Europe et Etats-Unis. Mais alors comment expliquer un tel engouement des pirates pour ce territoire peuplé d’à peine plus de 23 millions d’habitants ?
Selon un expert cité par le journal, l’île est un monde miniature parfait pour servir de terrain d’entraînement pour les pirates. Si une arnaque fonctionne à Taïwan, les pirates ont de grandes chances d’obtenir le même succès ailleurs. De quoi les inciter à s’exporter. Au moins deux autres facteurs rendent Taïwan attractif pour les pirates. Le premier c’est que l’île est aux avant-poste des technologies de pointe.
Taiwan apporte une aide précieuse contre le spam téléphonique
Un enquêteur local, Jean Hsiao Ya-yun, rapporte que la pandémie a permis un véritable boom des arnaques téléphoniques sur l’île – alors que les taïwanais se sont mis comme le reste du monde à dépendre davantage de leur smartphone et des commandes sur internet. Mais avec cette activité malveillante, de plus en plus intense, de nouveaux acteurs développent leur contre-offensive.
BBC cite l’exemple de Gogolook qui développe l’application Whoscall l’une des plus populaires app de lutte antispam dans toute l’Asie de l’Est. L’application s’appuie sur une vaste base de données alimentée en permanence avec des détections issues de l’intelligence artificielle. Comme d’autres acteurs la firme transmet également régulièrement des alertes aux plus grandes firmes américaines comme Apple et Google qui se montrent de plus en plus attentifs aux signalements venus de l’île.
De quoi leur permettre de mieux se préparer à l’arrivée de variantes d’arnaques observées à Taïwan sur d’autres marchés – dont la France. Les experts locaux ajoutent que les arnaques observées à Taïwan deviennent de plus en plus sophistiquées et frappent des publics de moins en moins âgés. Une des techniques pour attendre des catégories plus jeunes est de monter des arnaques autour des marchés financiers par exemple.
Jean Hsiao Ya-yun explique : “les scammers donnent par exemple des conseils sur des fiches d’applications sur les stores, ou réunissent des victimes autour de chats de groupes dans lequel ils prétendent révéler quelle action va monter, avec la promesse de partager cette info avec les membres”. Bien sûr, à un moment donné la victime doit payer quelque chose pour obtenir une information en général totalement arbitraire, ou accessible publiquement ailleurs.
Dans un autre type d’arnaque, les victimes reçoivent des propositions de prêts bancaires à des taux particulièrement bas. Qui permettent surtout aux pirates de totalement les ruiner… BBC ajoute que la lutte contre le phénomène reste complexe. Les pirates parviennent souvent à brouiller les pistes, et utilisent des programmes pour passer des appels en masse.
Avec les appels automatisés, plus qu’une “conversion” c’est une simple réponse qu’espèrent surtout les pirates. Si la victime répond, en effet, cela signifie que le numéro est actif. Les pirates vont alors rappeler et tenter d’exploiter leur victime de multiples manières. Il convient donc de ne jamais répondre ni même décrocher lorsque vous ne reconnaissez pas un numéro de téléphone.
L’article conclut en suggérant de muscler la lutte internationale contre le spam téléphonique, notamment en s’aidant de l’intelligence artificielle. Autre piste : lutter contre l’illétrisme informatique, pour mieux préparer tous les publics à ces arnaques et les rendre plus difficiles.
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