WeRock, la société derrière le logiciel de partage de fichiers WeTransfer, vient d’annuler au dernier moment celle qui allait se présenter comme la toute première introduction en Bourse européenne de 2022. La faute à la volatilité des marchés, explique-t-on chez la maison-mère, qui a annoncé ce retournement à Reuters. WeTransfer devait réaliser une IPO (Initial Public Offering) le 28 janvier, soit demain, à Amsterdam.
Euronext s’attendait à cette arrivée depuis plus d’un an, alors que nous apprenions en janvier 2021 que la société comptait profiter de l’envolée de l’utilisation de son outil au télétravail pour devenir publique. Au mois de juin, on tablait déjà pour le milliard de dollars de valorisation. Hier, la fourchette en euros était comprise entre 629 et 716 millions. Il n’en sera rien pour le moment.
Chahut sur les marchés, secoués par la politique monétaire américaine
Dans un communiqué, WeTransfer tenait à rassurer et ne pas s’attirer une mauvaise publicité dans cette histoire. Ses équipes disaient qu’ils avaient été contraints d’annuler leur opération, “malgré l’intérêt substantiel des investisseurs”. En cause, les conditions des marchés jugées trop volatiles. Depuis le 1er janvier, le Nasdaq a perdu près de 20 %.
Les conditions sont particulièrement difficiles depuis cette semaine alors qu’un rendez-vous de la plus haute importance pour les marchés mondiaux se déroulait hier à 20h15 (heure de Paris) à dans les bureaux de la Banque centrale américaine. La Réserve fédérale, par la voix de son président Jerome Powell, y tenait un meeting pour y annoncer la politique monétaire future pour le dollar américain, dans un contexte où la très forte inflation ne pouvait pas échapper à une rehausse des taux d’intérêt.
Finalement, les taux à court terme n’ont pas été changés (toujours proche de zéro), alors que les entreprises et les banques s’attendaient à des mesures immédiates – qui allait de façon naturelle ralentir la pleine folie des marchés boursiers, où l’argent coule actuellement à flots. À la hausse comme à la baisse (aucune tendance ne semble se former clairement pour l’heure), les marchés sont donc très volatils et Paris peinait ce matin à se rétablir.
Tout ce chahut n’est donc pas opportun pour se lancer dans une introduction en Bourse. WeRock avait déjà revu à la baisse ses ambitions pour son IPO, et aucune date n’a été annoncée pour le moment au sujet d’une seconde procédure.
Les facilités de 2021 laissaient à croire que toute entreprise de la tech pouvait réussir ce genre d’opération, comme le signalait le coresponsable mondial des marchés des capitaux propres chez Citigroup James Fleming à Reuters. Ce fut “une année extraordinaire pour la formation d’actions à l’échelle mondiale – oserais-je dire une année qui ne se répétera probablement pas de sitôt”.
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