Amazon n’a jamais été un grand fan des organisations syndicales – et aux Etats-Unis la firme de Jeff Bezos a longtemps fait en sorte d’empêcher les syndicats de s’implanter dans le groupe. Amazon est pourtant l’une des entreprises les plus puissantes au monde et emploie tout de même plus de 1,1 millions de personnes rien qu’aux Etats-Unis.
Depuis quelques jours, suite à un vote étonnamment serré, les employés américains Amazon ont d’ailleurs arraché le droit de rejoindre un syndicat. Une petite révolution, alors que dans les antennes Amazon européennes, la firme est depuis longtemps forcée de composer avec les syndicats.
Amazon ne veut pas le moindre cheveux qui dépasse dans sa future messagerie interne
Si la firme fournit de vraies opportunités de carrière à une partie de ses salariés, Amazon ne s’est pas toujours illustré positivement dans sa gestion du personnel. On se souvient par exemple de l’histoire de livreurs américains qui seraient forcés de se soulager dans des bouteilles d’eau à cause de la pression et du nombre de livraisons qu’ils doivent effectuer par course.
Une affirmation un temps démentie par la firme qui a fait marche arrière après la fuite de divers documents montrant que les managers locaux étaient au courant de cette pratique. Or, selon The Intercept, Amazon préparerait une nouvelle messagerie interne à destination de ses employés. Messagerie qui devrait, selon une fuite, censurer de nombreux termes.
Pour faire court, tous les mots pour décrire les conditions de travail chez Amazon ne pourront pas être utilisés dans l’application. Sous peine de voir le message bloqué et signalé aux managers. Ainsi, détaille The Intercept, sont censurés des termes comme “esclavage”, “prison”, “plantation”, “revendications”, “salaire décent”, “diversité”, “syndicat”, “augmentation”.
Censurer les termes que peuvent employer les salariés Amazon… fausse bonne idée ?
Mais aussi des mots comme “éthique”, “injuste”, “esclave”, “maître”, “liberté”, “injustice” – voire des phrases comme “c’est inquiétant”, ou encore “c’est idiot”. Les documents à l’origine de cette révélation datent d’une réunion des cadres dirigeants de l’entreprise qui se serait tenue en novembre 2021. L’idée était alors de développer une messagerie interne qui permettrait avant tout de saluer les performances des collègues dans le cadre du travail, via des “shout-outs” ou “dédicaces” en français.
Le but ? Réduire le risque de mal-être des employés en “favorisant leur bonheur”… et par ricochet leur productivité. Les fameuses “dédicaces” devaient faire partie intégrante d’un vaste système de récompenses internes caractérisé par des étoiles et autres badges virtuels délivrés lorsque l’activité du salarié “ajoute directement de la valeur à l’entreprise”. L’un des intervenants, Dave Clark, relève alors que “certaines personnes sont des collectionneurs d’étoiles particulièrement obsessionnels”.
Mais il les intervenants ont également dit lors de cette rencontre leurs craintes de dérives. Et c’est pourquoi l’équipe a décidé une série de mesures dont ce système de censure qui permet de s’assurer que l’application ne puisse “que favoriser positivement” les relations entre salariés Amazon.
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L’idée de faire de cette application une sorte de Facebook interne a rapidement été rejetée – les dirigeants préférant s’inspirer d’applications de rencontres a priori moins dangereuses comme Bumble. Un test bêta de l’application devrait être lancé dans le courant du mois. Reste à savoir dans quelle mesure le vote récent autour de l’arrivée de syndicats chez Amazon influera – ou non – sur le projet et sa liste de termes censurés…
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