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NASA : les Figures de l’ombre trouvent un peu plus de lumière

Une nouvelle directrice prend les opérations scientifiques au sein de l’agence spatiale américaine. Une nouvelle victoire pour la parité.

“C’est le plus beau métier du monde”, déclarait la Docteure Nicola Fox, au micro de la BBC Radio 4 Today, le 4 mars dernier. À la Nasa, cette femme de 54 ans vient de reprendre le poste de directrice des opérations scientifiques, et donc la direction de la principale branche de l’agence spatiale américaine, au budget annuel de 7 milliards de dollars. “C’est le rôle d’une vie, je ne pourrais pas être plus excitée”, s’exclamait-elle, avant de reconnaître que son énergie l’habitait dès 4h30 du matin, heure à laquelle sonne son réveil.

Dans l’histoire de l’agence, c’est une première et une nouvelle étape dans la difficile représentation des femmes dans la recherche spatiale et scientifique.

En 2018, Nicola Fox rentrait à la Nasa au sein de la division héliophysique, où elle se spécialisait dans l’étude du soleil et de l’impact de ses vents sur la Terre et sur les autres planètes. Son parcours l’a entraîné cinq ans après à pouvoir rejoindre la tête de la direction de la Nasa. Un petit pas en avant pour une agence dans laquelle la parité n’a jamais été trouvée. La dernière promotion en date à ce niveau remonte à 2020 et l’accession de Kathy Lueders au poste de Directrice des vols habités.

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Dr. Nicola Fox, nouvelle directrice scientifique de la NASA © NASA

La parité au sein de la NASA

Avec Nicola Fox et Kathy Lueders, la direction devient un peu plus paritaire bien que l’administrateur de la NASA soit toujours un homme – Bill Nelson, depuis 2021. Dans l’espace, l’histoire retient davantage d’hommes que de femmes alors que la recherche scientifique et la conquête spatiale a laissé dans l’ombre toutes celles qui ont pourtant eu un impact majeur. Le film Les Figures de l’ombre de Theodore Melfi, sorti en 2016, s’attaquait à ce problème. Mais outre les trois scientifiques suivies dans le synopsis du long métrage, elles sont bien plus au sein de la Nasa à avoir changé les choses.

Prenons l’exemple de Dorothy Vaughan, une mathématicienne d’exception, qui occupait un poste de “calculateur” au sein de la NACA, l’ancêtre de la NASA. À partir de 1943, c’est notamment elle qui s’occupait, à la main, de réaliser les calculs les plus complexes de l’agence alors appelée “Comité consultatif national pour l’aéronautique”. Promue superviseure de la NACA, elle avait notamment travaillé sur les trajectoires de vols, les lanceurs SCOUT américains lancés à partir de 1960 ou encore la programmation du langage informatique FORTRAN, indispensable par la suite aux scientifiques pour avancer dans les calculs scientifiques.

La première femme cadre à la Nasa a été nommée en 1962. Nancy Roman, aussi appelée “la mère de Hubble”, a à la fois eu un rôle clé dans l’élaboration de la structure du satellite d’observation et télescope éponyme. Dans divers autres postes, elle a géré la budgétisation des projets et encouragé de nombreuses autres femmes à venir travailler au sein de l’agence. Deux ans plus tôt, la mathématicienne Mary Jackson devenait la première femme noire à devenir ingénieure au sein de la Nasa, poste qui grandement réservé aux hommes et uniquement aux blancs. Son ascension fut fulgurante, alors qu’elle devenait la plus haute placée dans le service d’ingénierie au sein de l’agence.

De 1973 à aujourd’hui

En 2019, trois anciennes responsables sur les différents programmes Apollo de la Nasa se confiaient à Space(.)com lors d’une interview pour parler du sexisme à la Nasa. L’ingénieure JoAnn Hardin Morgan, première femme à occuper un poste de cadre supérieure au centre spatial John F. Kennedy, déclarait qu’il y avait eu “un énorme changement au Kennedy Space Center où j’ai travaillé par intermittence de 1958 à 2003”. Pour elle, tout aurait changé dans l’égalité des chances au sein de l’agence à la suite d’un licenciement, en 1973, de la femme la plus haut placée à ce moment-là. “Elle avait dit la triste vérité sur le programme EEO de la NASA, en expliquant qu’il s’agissait d’un échec total”.

Pour le retour des missions habitées sur la Lune, l’équipage d’astronautes devrait être constitué à 50 % de femmes. Depuis 2019, elles étaient (avec Nicola Fox) trois scientifiques à occuper trois des quatre pôles scientifiques de la NASA, aujourd’hui administrée par la docteure spécialisée dans l’héliophysique. Mais la diversité reste encore un combat immense. Au sein de la Nasa, 90 % des astronautes sont blancs, avec seulement 15 noirs sur les 350 qui ont rejoint l’espace à bord de missions de l’agence spatiale américaine.

“Nous nous efforçons de reconnaître et de surmonter les obstacles systémiques visibles et invisibles qui entravent l’accès équitable et inclusif – par les individus ou les communautés – aux programmes, ressources et opportunités du gouvernement qui rendent possible tout le travail de la NASA”, était-il écrit dans un nouveau programme appelé Mission Equity il y a à peine un an.

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