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Square, l’ennemi numéro 1 des néo-banques européennes

Avec son service de paiement Cash App, Square profite de la situation de crise pour familiariser les Américains à la banque mobile.

Elles sont sexy, rapides et pas chères, et continuent de conquérir des centaines de milliers d’Européens. Pourtant, les néo-banques comme N26, Revolut et Monzo ont encore beaucoup de chemin à faire si elles souhaitent atteindre une certaine rentabilité dans leur modèle, qui ne pourra être trouvée qu’avec une acquisition de plus de 50 voire 100 millions de clients.

Malheureusement pour elles, le parcours est semé d’embûches : un océan est à traverser pour se rendre aux États-Unis, où le marché est un eldorado en termes de taille et en en vue du nombre d’habitants sans compte bancaire. Un parcours difficile, d’autant plus impacté par une crise sans précédent, sanitaire puis rapidement économique, dans laquelle les néo-banques – encore dépendantes de leurs levées de fonds – commencent à montrer des signes de faiblesse à cause de leur jeunesse.

Hausse révélatrice des dépôts directs

Mais derrière ce flou délicat pour les meilleures banques en ligne, certaines sociétés sur le paysage fintech arrivent tout de même à tirer leur épingle du jeu. L’une des plus connues mondialement, l’Américaine Square (dirigée par le PDG de Twitter Jack Dorsey), vient d’ailleurs de révéler une information très importante sur la suite de son aventure sur le sol américain.

Selon une étude publiée par le Crédit Suisse, l’application de paiement Cash App de Square a vu le nombre de ses utilisateurs paramétrer leur compte avec le dépôt direct passer de 500 000 fin mars à 1,2 million aujourd’hui. Selon le graphique généré par nos confrères du magazine Forbes, une projection sur la suite de l’année amènerait Cash App à atteindre les 2 millions d’utilisateurs utilisant l’application pour du dépôt direct.

CashApp Depot Direct
© Credit Suisse / Forbes

Il s’agit d’un point clé. Cash App pourrait d’ailleurs en faire son prochain objectif : en configurant le dépôt direct sur leur application, les utilisateurs font ainsi de Cash App leur portefeuille numérique principal. La hausse spectaculaire mise en avant par l’étude n’aurait certainement pas vu le jour sans l’épidémie de COVID-19, et la politique d’hélicoptère monétaire de l’administration.

De Cash App à une banque numérique complète

Chime, la banque numérique la plus populaire aux États-Unis, est un concurrent direct à Cash App. En avance sur les outils de Square, l’établissement montre depuis des mois maintenant qu’un client utilisant le dépôt direct est un client stratégique. Dans son offre bancaire, la banque est même allée jusqu’à fortement recommander aux utilisateurs de configurer l’outil pour qu’ils puissent ensuite accéder à des fonctionnalités réservées.

Jusqu’à la crise du COVID-19, Jack Dorsey et son équipe n’avait jamais suivi la même stratégie. Mais depuis, une opportunité de taille s’est mise sur le chemin des services de paiement numérique : le chèque de relance de l’État fédéral, aux États-Unis. En quelques jours, une série de tweets a été publiée par l’homme à la tête de Square pour promouvoir Cash App, qui pourrait venir en aide à l’État dans l’acheminement de ses 1200 $ d’aide.

C’est grâce à cela que l’application a très vite vu ses utilisateurs configurer leur compte pour recevoir leur « stimulus check » de façon dématérialisée, directement sur leur smartphone. Un premier pas dans le monde bancaire, avec la possibilité pour ces clients de pouvoir être payés directement sur le service pour leur travail par exemple.

L’étude du Crédit Suisse croit dans les ambitions de Square à partir de cette tendance pour devenir une véritable banque numérique. Chargé de l’étude et analyste, Timothy Chiodo en a rendu compte : « Nous pensons qu’ils ajouteront des outils de budgétisation et des capacités de paiement des factures », avant de mentionner aussi l’arrivée des cartes de crédit, et les prêts bancaires.

Mauvaise nouvelle pour les néo-banques européennes

En décembre 2019, Cash App comptait pas moins de 24 millions d’utilisateurs actifs. Les revenus de l’application ont atteint les 528 millions de dollars de revenus au premier trimestre, et Square peut aussi se reposer sur les services qu’il a mis en place à destination des commerçants, obligés de trouver une solution de paiement numérique pour sauver leur activité de façon en ligne.

Avec ce bagage, Square n’attends plus qu’un changement des habitudes, dans un pays où la fintech et notamment les néo-banques ne sont pas encore très populaires. N26, Revolut et Monzo, ont tout de même fait le pari de s’y installer. Mais avec un acteur comme Square, qui semble prendre ses marques sur les multiples services qui font aujourd’hui le paysage fintech, les néo-banques européennes risquent de connaître une difficulté supplémentaire.

Sur le Nouveau Continent depuis juillet 2019, la néo-banque allemande N26 prenait une décision symbolique il y a deux semaines. Malgré ses plus de 250 000 clients aux États-Unis, 10 % de son effectif sur place a été licencié par souci économique, du fait de l’épidémie de coronavirus et la chute de la consommation des clients. Les rêves de conquêtes de l’Ouest retombent, et la durée de la crise sera déterminante pour laisser ou non des forces aux néo-banques européennes pour concurrencer Square.

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