Après une première expérimentation en ambulance, le CHU de Rennes poursuit ses essais sur l’application de la 5G dans le domaine de la santé.
Fin avril, dans le cadre du projet de recherche européen 5G-TOURS l’équipe à l’origine du projet s’est lancée un défi de taille : réaliser une opération cardiaque en 5G, grâce à la superposition d’images médicales.
Puisqu’il s’agit d’une expérimentation, l’opération n’a pas été réalisée sur un vrai patient mais sur un patient “fantôme”.
Le cardiologue Erwan Donal a réalisé une intervention mini-invasive visant à protéger le cœur d’une potentielle récidive d’accident vasculaire cérébral (AVC) lorsqu’il est imputé à un foramen perméable (communication entre l’oreillette gauche et droite du cœur).
Pour mener à bien cette opération, l’équipe médicale s’est appuyée sur les technologies de B-com, un institut de recherche technologique, Nokia, Orange et Philips. L’idée était de pouvoir retransmettre en temps réel l’intervention et d’utiliser la réalité augmentée.
Déroulé de l’opération
Pour effectuer l’opération, le chirurgien s’est donc appuyé sur une superposition d’images d’échographies et de radiographies par rayons X retransmises en 5G à 26 GHz par le biais d’une application de réalité augmentée.
Les plus observateurs auront remarqué le débit à peine croyable de la connexion. “Ce type de cas d’usage nécessite un très fort débit dans le sens montant et descendant” explique à L’Usine digitale Mathieu Lagrange, directeur du laboratoire réseaux et sécurité de B-com.
Comme cette bande de fréquences n’est pas disponible sur les réseaux publics, B-com a dû faire une demande de licence spéciale à l’Arcep.
Un tel débit était nécessaires pour des raisons évidentes de sécurité. En effet, le moindre décalage entre un geste du chirurgien et la retransmission des images pouvait être dramatique.
Dans le même temps, l’opération était retransmise à Alexandros Stefanidis, chirurgien cardiaque officiant à Athènes, en Grèce. Pour transmettre l’image, le chirurgien français portait des lunettes connectées développées par Ama. Le débit du réseau 5G a permis de retransmettre les images à Athènes avec la même qualité que celles enregistrées sur place.
Un franc succès
Selon Noelly Besnard, responsable de la recherche et de l’innovation au CHU de Rennes, “le retour de cette expérimentation est positif”. D’abord parce que l’opération a été un franc succès.
Ensuite, parce qu’elle a pu être menée sans que les ondes n’aient un impact sur les personnes présentes. Pour s’en assurer, l’ANFR (Agence nationale des fréquences) avait envoyé une équipe pour effectuer une série de mesures. Un rapport public présentera d’ailleurs ces résultats.
Enfin, toute l’opération a pu s’effectuer sans problèmes de sécurité informatique. L’usage de ces bandes millimétriques réduit les signaux au simple cadre de la salle d’opération. Impossible de les recevoir en dehors.
La 5G, l’avenir de la santé
Si l’opération est un succès, elle mérite encore quelques ajustements. “Il faudrait améliorer les aspects de qualité d’image et d’expérience des applications de réalité augmentée” explique Nelly Besnard.
Autre problématique : les routeurs. Pour le moment, ils restent indispensables pour relier les dispositifs médicaux. Il y a donc beaucoup de fils dans la salle d’opération ce qui peut rendre l’exercice compliqué pour l’équipe médicale. Par la suite, il faudra donc remplacer ces routeurs “par des puces ou des sortes de clés intégrées dans les dispositifs eux-mêmes” précise Nelly Besnard.
Pas de quoi réfréner les ardeurs du CHU de Rennes qui prévoit déjà une nouvelle expérimentation, cette fois dans le domaine de la réanimation. “L’objectif va être de pouvoir déployer un service de réanimation à partir d’un service de soin en 24 heures grâce au déploiement d’un réseau 5G privé” annonce Nelly Besnard.
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