En Californie, il y a ceux qui réussissent et les autres. Mais contrairement à d’autres régions du globe, ceux qui échouent ici ne sont pas forcément moins connus. Ni moins intéressants. Notamment pour les investisseurs qui, en fonction du secteur, peuvent maintenir artificiellement une marque en lui injectant tous les six mois de l’argent frais pour survivre.
Faraday Future a ainsi passé huit ans à tourner en rond. La startup née en 2014 a cramé des milliards de dollars sans sortir le moindre modèle de voiture électrique, sa raison d’être pourtant. Jusqu’en novembre dernier, le projet était toujours au point de départ et les difficultés financières devenaient de plus en plus complexes à gérer.
La production commence après 8 ans d’attente
Aussi improbable soit-il, Faraday Future a annoncé hier avoir lancé sa production. Une vidéo en direct, sur YouTube (avec 46 minutes d’attente), a même été diffusée pour en faire un véritable événement. Le premier châssis est sortie de la chaîne de production de l’usine de Hanford, dans le centre de la Californie. Il s’agira de celui de la FF91, son premier modèle présenté en 2017 et initialement prévu pour 2018.
Un énième investissement de taille était nécessaire pour que tout cela puisse se produire. Yorkville Advisors, un fonds du New Jersey, acceptait alors de renflouer les caisses de 350 millions de dollars. On parle là d’une société qui a accepté d’investir dans une autre qui n’a jamais gagné d’argent en près de dix ans, et qui s’avère être coté en Bourse, même si sa capitalisation est passée de 4 milliards de dollars en 2017 à moins de 270 millions aujourd’hui.
Faraday Future reste une marque tout à fait improbable : alors que la production débute, les clients ne connaissent toujours pas le prix de la voiture. Ceux qui l’ont commandé se sont contenté de verser une somme initiale en attendant de payer le prix total. Il était de 5000 dollars pour le modèle en version “Futurist Alliance” et il est actuellement de 1500 dollars pour le modèle “Futurist” de base.
Pendant longtemps la marque a surestimé ses pré-ventes. Elle se targuait, 36 heures après l’ouverture de son carnet de commandes, d’avoir reçu 64 000 dossiers. Mais en réalité, avec les mois de retard et les désistements, ils n’étaient plus que 14 000 à conserver le formulaire de Faraday Future… dont 13 600 n’ont toujours pas réglé le versement initial. Pas de quoi dégonfler son cofondateur, Jia Yueting, de déclarer que la demande était bien supérieure aux capacités de production actuelle de la société.
Restera à savoir si Faraday Future pourra terminer de construire sa voiture, en lui ajoutant un moteur par exemple. Pour l’heure, l’événement n’a fait que mettre en scène la sortie des châssis des chaînes de production. Chez n’importe quel autre constructeur, annoncer la production n’un nouveau modèle en montrant ce dernier incomplet aurait fait tâche. On l’accepte un peu plus chez Faraday Future tout autant qu’on le redoute d’autant plus.
Sans prix, sans carrosserie, sans roues, sans moteur et sans batterie, Faraday Future ne serait-il pas en train de nous faire un énième coup de communication ?
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