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Réseaux sociaux : ces 15 indices qui prouvent que la crise du COVID-19 est en train de tout changer

La crise du coronavirus induit de nouveaux comportements sociaux qui émergent via internet. Tour d’horizon en 15 tendances.

Comme c’est le cas avec toutes les crises majeures, celle du coronavirus marquera certainement un tournant dans nos relations sociales. Mais à l’ère d’internet et du numérique, c’est aussi notre rapport aux médias, à la technologie et aux pouvoirs en place qui pourraient profondément être impactés. Des changements qui émergent déjà dans certains usages des réseaux sociaux, qui – au-delà d’une fréquentation en très forte hausse – permettent de repérer certaines tendances inédites. Marie Dollé, slasheuse et experte du digital, observe de près les évolutions marquantes de ces dernières semaines et nous aide à dessiner un panorama passionnant en quinze séquences sur le sujet.

Les GAFA, ces instituts de recherche nouvelle génération

De manière cyclique et pendulaire, les GAFA sont sous les feux de la critique pour l’usage de nos données personnelles et alors qu’ils ont passé les trois dernières années sur la défensive en ce qui concerne leurs pratiques de collecte, ils en font maintenant la promotion.

Facebook, Snapchat, Linkedin… tous deviennent des instituts de recherche de nouvelle génération en exploitant leurs données pour expliquer les tendances et raconter des histoires percutantes mais aussi (et surtout)  à travers des programmes sociétaux qui prennent de l’envergure. Des exemples ? Citons le “Community report” de Google qui présente les tendances des mouvements dans le temps par zone géographique, dans différentes catégories. Autre exemple porté par Facebook, celui du “Data for Good” (oui cela peut sembler ironique) et la possibilité de partager davantage de données de localisation avec les chercheurs de COVID-19 voire la possibilité de demander aux utilisateurs de signaler eux-mêmes leurs symptômes. Un sujet qui n’en demeure pas moins épineux et les retours de bâtons pourraient faire très mal.

Le social devient “social par conception” ou méta-social

De plus en plus de “micro-feux de camp communautaires” s’allument dans des endroits inattendus. En fait, tous les services permettant de communiquer de façon synchrone ou asynchrone sont mis à contribution de façon spontanée pour agréger des micro-communautés autour d’un sujet. Cela peut être un groupe Slack dédié, un chat Discord, un apéro vidéo Houseparty, mais aussi de façon plus surprenante un Google doc, voire même un live-chat sur une plateforme de e-commerce…

Distanciation sociale
Image : Pixabay

Après la cacophonie de la panique, les chuchotements du “Dark Social”

Avec la montée en puissance de la surveillance gouvernementale dans le monde entier pour tenter de freiner la propagation de COVID-19, il faut s’attendre à davantage de services de messagerie et de conversations privées. Une tendance que nous avions déjà repérée et qui n’est pas sans rappeler cette défiance vis-à-vis de la parole publique, et cette méfiance sur sa propre prise de parole sur les réseaux sociaux, évoquant également un glissement pour certains vers le social cooling. Il faut s’attendre également à une montée en flèche des “lurkers”, ces internautes qui utilisent régulièrement les réseaux sociaux sans prendre part aux conversations et sans laisser de traces.

Le SMS se mue en réseau social pour un tête-à-tête avec des millions de personnes

La promesse : “Communiquer en tête-à-tête sans se laisser submerger par les flux sociaux et les algorithmes”. Séduisant ? A fortiori lorsqu’on étudie les chiffres ! En effet, d’après Mathieu Pelletier, CEO de Community, l’un de ces services de sms nouvelle génération : “98 % des messages envoyés sont ouverts dans les trois premières minutes… alors que le pourcentage d’un public qui interagit avec un message est de 1,6 % sur Instagram, 0,48 % sur Twitter et 0,09 % sur Facebook, selon la société d’analyse des médias sociaux Rival IQ.” Autre service à étudier de près Subtext qui permet de communiquer en SMS avec sa communauté en mettant en avant d’autres avantages : l’abandon de la preuve sociale et de la pression des likes, et la possibilité pour son audience de communiquer de façon privée avec vous. Une mise en pratique ? Allez regarder du côté de TexRex.

Le commerce social pour des bons plans entre amis

Voilà plusieurs mois que les fonctionnalités « commerce » se multiplient. Parmi toute cette effervescence il est un usage qui pourrait s’affirmer comme déterminant…  le “Shoppertainment” ! Diffusions en direct, achats groupés, services originaux d’enchères entre amis comme Floathat ou encore montée en puissance des services d’affiliation tels que Kit… les opportunités sont nombreuses, nous rentrons dans une nouvelle ère “expérientielle collaborative”. Une nouvelle fois, la Chine inspire l’Occident en matière d’usages digitaux…  il va falloir observer, adapter et mettre en route.

Le marketing d’influence pivote du “placement de produit” au “placement de valeur”

L’objectif de la marque est au premier plan. En Finlande, le gouvernement a fait appel à des personnes influentes pour l’aider à communiquer des informations sur la pandémie, ce qui laisse entendre qu’elles peuvent être tout aussi utiles que les médias grand public pour faire passer un message. Il est intéressant de noter que la Finlande est également le premier pays à avoir qualifié les personnes influentes des médias sociaux de “travailleurs clés” (ou “acteurs critiques”, comme on les appelle aussi) pour leur capacité à diffuser des informations utiles en cas de crise. Quoi de mieux que de s’appuyer sur un influenceur qui ne partagerait non plus un produit, mais une vision sociétale de marque ?

“Nous vivons dans Zoom”… et bien au-delà

Tout se passe en direct. Puisque le coronavirus provoque l’annulation de conférences et d’événements hors ligne, les entreprises tentent d’établir une nouvelle normalité tout en adoptant les expériences numériques et en créant des événements virtuels.

Brian Fanzo, conférencier et producteur d’événements virtuels, nous fait part de ses conseils pour créer non seulement un événement virtuel réussi, mais aussi le changement d’état d’esprit nécessaire pour définir des objectifs, mesurer et suivre le succès. Allez consulter le profil de @iSocialFanz et débridez votre créativité.

Ah, et aussi, cette expérience un peu surréaliste pour nous : les maires de 13 villes de la province de Hubei (la plus touchée par le coronavirus) qui font promo de leur région en vendant des produits via des vidéos en live-stream.

Zoom
Image : Zoom

Les jeux sont faits… qui va croquer la cagnotte du gaming ?

On connaissait l’engouement suscité par des jeux comme Fortnite, la crise Covid-19 renforce le phénomène et le démocratise sous toutes ses formes. Si Animal Crossing est devenu le jeu de la “génération coronavirus” le marché s’atomise :  tournois de foot en ligne, mölkky en direct sur internet, blanc-manger-coco entre amis, même le Pictionnary opère un lifting digital ! Du côté des géants sociaux, on s’active aussi. Snapchat renforce son offre tandis que Facebook Gaming lance des tournois virtuels. Un phénomène qui va s’accélérer avec plus de fonctionnalités collaboratives et des mécanismes de gamification qui vont se greffer partout. Êtes-vous prêts ?

Ces formats qui cartonnent en ligne : And the winners are… 

Le médias redoublent d’ingéniosité pour valoriser leurs contenus et certains “buzzent” plus que d’autres. Les formats Q&A tout d’abord, mettant par la même occasion en lumière des réseaux tels Reddit ou Quora qui bénéficient positivement des mutations du SEO en AEO (rattrapage sur le sujet ici) guides pratiques, contenus collaboratifs, data visualisations ou encore le retour des reportages photo “Waouh”, le NYT en fait une démonstration ici, avec brio. La crise aura permis de mettre en lumière la nécessaire approche servicielle, la YOUTILITY telle que décrite par Jay Baer. Le défi maintenant n’est pas juste d’être « utile » mais d’être indispensablement utile. Et là c’est une autre affaire.

Côté audio également, on pourra suivre avec intérêt les services hybrides de diffusion audio + sms comme Talkshow, dont l’application pour smartphone permet d’animer des conversations audio, d’appeler ses invités, de partager un  lien et d’être en direct d’un simple clic. Pas besoin de micro, de studio, de post-production ni de se soucier de la vidéo.

TikTok : générateur d’étincelles… éducatives ?

Après Facebook at Work, Facebook at School ? L’université Linkedin ? Non ceci ne relève pas du fantasme, attendez-vous à ce que les grands réseaux sociaux encouragent les contenus éducatifs et pratiques, mais aussi par le biais d’acquisitions et en développant de nouveaux services edtech. Même des applications jugées par certains futiles voire stupides comme Tiktok participent à leur façon avec des programmes d’influenceurs et même celui de l’OMS. Autres curiosités : ces médecins, professeurs ou gestionnaires en patrimoine qui viennent y enseigner leur savoir faire. De son côté, Facebook plancherait sur “Campus”, un nouvel espace réservé exclusivement aux étudiants.

La fin des “jardins clos” sociaux ?

La nouvelle intégration de Snapchat Stories permettra aux développeurs d’applications de connecter leurs systèmes à Snapchat. L’objectif : accroître l’utilisation de la plateforme grâce à l’intégration. Par exemple, si vous utilisez l’application musicale Triller, vous pourrez désormais partager votre activité dans l’application Triller dans une story Snapchat, ce qui vous permettra de créer plus d’engagement et d’étendre le “reach”. Une approche qui devrait se multiplier chez les géants sociaux concurrencés par le média-social dont nous vous parlions en première partie.

VR et AR sociales ont-elles raté le coche ?

Voilà des années que l’on nous promet monts et merveilles en matière de réalité virtuelle et augmentée, mais force est de constater que nous n’en sommes pas encore là. Cependant, attendez-vous à ce que les choses s’accélèrent (oui, enfin). Pour preuve :  Facebook commence à tester la nouvelle plateforme sociale de VR “Horizon” et de nombreuses start-ups s’activent en coulisses. En attendant le feu des projecteurs et pour vous faire patienter, voici 10 sociétés prometteuses à surveiller d’après Fast Company. D’autre part, la chaîne chinoise de centres commerciaux haut de gamme K11 qui tente de fidéliser ses clients en leur proposant un tour panoramique à 360 degrés dans son centre commercial de la ville de Guangzhou, dans le sud de la Chine. Pour y accéder, il suffit d’ouvrir un mini programme WeChat.

Au milieu de la pandémie de coronavirus, une infodémie de fausses nouvelles

Alors que la crise sanitaire bat son plein c’est une deuxième crise qui se dessine, celle de la désinformation. Le problème ne se limite pas aux “fake news” a proprement parler mais aussi à de graves informations erronées et des théories complotistes qui se répandent sur les réseaux sociaux. Aux grands maux les grands remèdes ? Des géants de la technologie comme Facebook, Twitter, Google et YouTube ont uni leurs forces pour lutter contre cette fraude et désinformation et pousser les directives officielles sur leurs plateformes. Cela suffira-t-il ? Pendant ce temps certains médias en quête de crédibilité tentent de nouveaux critères de transparence.

fake news
Image : pxhere

Et pour finir, deux tendances conjoncturelles dont on ne sait pas encore si elles se confirmeront après la sortie de crise.

Le streaming accélère… en réduisant la voilure

Netflix, Prime Video, YouTube… Les services de vidéo à la demande en streaming voient leur audience exploser avec le confinement, ce qui n’est pas sans poser quelques problèmes de bande passante. Afin de préserver celle-ci, la plupart d’entre eux ont annoncé dès le début de la crise qu’ils allaient réduire leur débit afin de préserver la bande passante et de ne pas créer d’embouteillages sur internet. Les abonnés à ces services n’ont certainement pas constaté de différence flagrante sur leurs écrans, ce qui pourrait amener à penser que cette adaptation temporaire pourrait éventuellement se prolonger au-delà de la crise, avec peut-être de substantielles économies pour les diffuseurs, puisqu’on parle d’une moyenne de 25% de bande passante économisée. Même la plateforme de jeux en ligne Stadia de Google a décidé de réduire le débit afin de ne pas créer de congestion sur les réseaux. La firme développe une fonctionnalité qui réglera la résolution par défaut à 1080p au lieu de la 4K.

Le podcast et la musique en pause

Le podcast, dont les audiences ne cessaient de progresser depuis son renouveau il y a quelques années, est étonnamment le seul canal de contenus digitaux à ne pas profiter de la crise du coronavirus. Selon plusieurs sources aux USA, les audiences des podcasts (hors ceux consacrés au coronavirus) ont plongé entre 10 et 20% depuis l’instauration des mesures de distanciation sociale. Raison principale : avec la généralisation du télétravail, les temps de transports pour se rendre au travail ont considérablement diminué, or c’est la plupart du temps en bus, métro ou même voiture que l’on écoute le plus de podcasts. Mêmes effets sur la musique en streaming : l’écoute de flux musicaux de Spotify a baissé brutalement de 11,4 % dès la semaine du 15 mars, selon Music Business Worldwide. En Italie, où les effets du virus ont été les plus forts, la diffusion de musique en streaming diminué de 33% depuis le 7 février.

Avant la crise du COVID-19, on aurait pu penser que nos usages d’internet avaient atteint un plateau difficilement dépassable, que les grandes innovations des années 2000-2010 avaient définitivement dessiné un paysage qui ne changerait plus beaucoup, et que plus rien ne viendrait révolutionner nos usages du numérique. C’était sous-estimer le potentiel de croissance encore énorme du digital, et aussi la capacité des infrastructures à encaisser le choc d’une telle accélération des audiences.

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