Le régulateur américain se demande si les choix des constructeurs automobiles américains dans leurs derniers modèles sont forcément les bons du côté de la sécurité routière. En cause : ces voitures électriques – dont beaucoup sont des modèles puissants et imposants – sont souvent encore plus lourdes que leurs équivalents thermiques.
Le National Transportation Safety Board (NTSB) cite l’exemple du GMC Hummer EV qui parcourt le 0-60 miles par heure en moins de 3 secondes, malgré un poids de plus de 4 tonnes (l’équivalent du mode “Ludicrous” chez ce constructeur a été baptisé “mode WTF”… ça ne s’invente pas).
Les Etats-Unis s’inquiètent de l’arrivée de voitures électriques toujours plus lourdes et puissantes
Ou encore le Ford F-150 Lightning qui est “entre 900 kg et 1 400 kg plus lourd que la version non électrique”. L’autorité s’inquiète en effet “du risque accru de blessures graves et de mort pour tous les usagers de la route qui découle du poids, taille, puissance et performance accrue des véhicules sur nos routes, dont les véhicules électriques”, note Jennifer Homendy, responsable du NTSB.
De fait, l’observation du régulateur américain a du sens : plus un véhicule est lourd et puissant plus l’énergie cinétique délivrée lors de l’impact est élevée en cas d’accident. La vitesse aussi compte – mais aux Etats-Unis, les Etats et collectivités locales n’ont leur mot à dire que sur la vitesse autorisée – et ne peuvent pas vraiment introduire eux-même de limites en termes de poids, gabarit et puissance.
Au-delà des pickup – ces modèles de voitures si populaires aux Etats-Unis (mais plutôt délaissés par les consommateurs en Europe), le NTSB pointe aussi la transition électrique de certains constructeurs populaires de ce côté-ci de l’Atlantique. Comme BMW, avec le i4 40 de 2023 qui affiche plus de 2 120 kg sur la balance. Ou encore le Mini Cooper SE de 2023 et ses plus de 1 420 kg.
Ce qui s’explique facilement, et en grande partie par le poids des batteries. Mais aussi les systèmes de sécurité. En parallèle, les motorisations électriques sont toujours plus performantes, et le nombre de chevaux moteur des derniers véhicules électriques ne cesse de grimper – dans la droite ligne de l’augmentation générale des performances des voitures particulières constatée depuis les années 1980.
Ainsi, selon l’agence américaine de protection de l’environnement (EPA) estime que la puissance moyenne des voitures sur les routes américaines a augmenté de 20 % depuis 2004. Tout en reconnaissant que l’efficience énergétique a grimpé sur la même période de 35 %. De facto les risques réels en cas d’accidents sont moindres pour les occupants du véhicule que pour les autres usagers de la route.
La NHTSA autorité qui mène les crash tests des divers modèles sur le marché a forcé avec le temps les constructeurs à mieux équiper l’habitacle – avec des structures absorbantes, airbags et autres dispositifs qui sauvent chaque année des vies. Mais évidemment ces systèmes n’ont aucun impact sur la sécurité des piétons ou ce qui se passe lors d’un crash à grande vitesse contre un autre véhicule.
Et rien n’est en mesure pour l’instant d’enrayer le phénomène, surtout aux Etats-Unis où les consommateurs ont naturellement un penchant pour les plus gros modèles. Car pour ne rien arranger, il y a aussi l’anxiété des candidats aux voitures électriques du côté de l’autonomie qui pousse les fabricants à inclure des batteries toujours plus lourdes et imposantes de manière à délivrer parfois plus de 500 km sur une seule charge.
Reste à savoir ce qui pourrait être fait, aux Etats-Unis, pour inverser la tendance. En France, comme dans de nombreux pays d’Europe il existe un système de bonus-malus qui décourage l’achat de véhicules trop lourds. Reste à savoir si une mesure semblable peut vraiment être mise en place dans le pays.
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