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Pourquoi le piratage de films, séries et jeux vidéo revient pour de bon

Le piratage a explosé avec la pandémie de coronavirus. La réponse des plateformes légale post-pandémie a néanmoins peu de chances d’enrayer le phénomène.

La lutte contre le piratage est un problème aussi vieux qu’internet – en particulier depuis que télécharger le dernier album de votre artiste préféré se compte en minutes plutôt qu’en jours. Bien sûr le paysage d’internet s’est profondément transformé ces dernières années.

Avec notamment le développement d’une offre légale, que ce soit Netflix, Amazon Prime Video ou Disney+ pour le streaming légal de films et séries, Stadia, xCloud / Xbox Game Pass et GeForce NOW pour les jeux vidéo. Ou encore des services comme Molotov pour vous détourner de l’IPTV.

Etait-il bien raisonnable de multiplier les plateformes de streaming légal ?

En plus de cela la Hadopi (qui a changé de nom pour devenir l’Arcom) peut sanctionner ceux qui s’adonnent au piratage sous le système de la riposte graduée. L’idée est d’attaquer le piratage sous deux angles : d’un côté renforcer l’offre, rendre la consommation légale de contenus plus pratique et de meilleure qualité.

De l’autre, il peut y avoir des sanctions – qui, en France, peuvent aller jusqu’à faire payer des amendes au titulaire de la ligne internet. Pour les cas plus graves, par exemple ceux qui mettent à la disposition la plus large possible de contenus pirate, les affaires peuvent aller au pénal – et des sanctions sont régulièrement prononcées.

Avec le recul dont on dispose en 2022, il semble clair que la lutte contre le piratage n’est efficace que si les internautes ont accès à des alternatives légales, et que le coût d’accès n’est pas démesuré. Alors qu’on constatait une baisse constante du recours au piratage jusqu’en 2020, celui-ci a explosé avec la pandémie de coronavirus.

Ce piratage (ou plutôt ce que les plateformes légales considèrent désormais comme du piratage) a changé. Netflix et consorts considèrent notamment que le partage de comptes est un phénomène inquiétant qui entame leur rentabilité . Or jamais les français n’avaient eu autant recours au partage de comptes que depuis le début de la pandémie.

Les plateformes le savent et s’y sont préparées – Netflix par exemple, n’autorise le partage de compte que sous le même toit, et menace désormais d’ajouter un supplément pour décourager le partage de comptes abusif, au-delà de cette limite. L’application YouTube Vanced qui permettait de profiter des services de YouTube Premium sans payer, a disparu.

Or, il y a un problème, qui nous fait dire que les plateformes auront beaucoup plus de mal à provoquer un nouveau recul du piratage. En effet, la réponse ne s’appuie en l’état que sur le punitif. Que les utilisateurs poursuivent les comportements que Netflix tente de décourager ou non, le bénéfice concret pour l’utilisateur n’a rien d’évident.

Pour que les internautes acceptent de renoncer au piratage, il faut leur proposer des tarifs raisonnables et/ou des avantages

Or, le budget des ménages se réduit – crise post pandémie et, pour ne rien arranger, guerre en Urkaine obligent. Dans un contexte ou les prix augmentent, et l’économie stagne, les motifs de recours au piratage sont en fait de plus en plus nombreux. Et avec l’arrivée d’encore plus de plateformes de streaming payantes comme Paramount et HBO, comment imaginer que cela change ?

En effet à chaque lancement de nouvelle plateforme, une partie du catalogue des plateformes auxquelles vous êtes abonnés change de mains. Et si vous souhaitez continuer d’y accéder, il faut accepter de consacrer plus d’argent dans vos abonnements. Or, en plus de cela, Netflix et d’autres plateformes augmentent le prix général de leurs abonnements

Bien sûr ces hausses sont justifiables – Netflix, pour ne citer que lui, investit des sommes astronomiques dans ses créations originales. Mais la disparition progressive de l’offre légale bon marché que cela suppose pousse de nouveau les utilisateurs vers les sites pirates.

En plus de cela, lorsqu’on prend en compte les restrictions des plateformes légales (techniques, catalogue, consultation des contenus hors ligne…)… on se rend vite compte que pirater devient même plus “simple” que consommer ces contenus légalement pour une part grandissante d’utilisateurs.

On savait dès le départ que la multiplication du nombre de plateformes de streaming n’augurerait rien de bon pour le recours au piratage. Les plateformes cherchent à faire payer autant leurs clients que les plus grandes chaînes et bouquets TV payants.

Sauf que les deux modes de diffusions ne sont pas du tout égaux face au piratage – bien plus facile depuis un ordinateur… Du coup pour réduire le recours au piratage deux options s’imposent : soit les plateformes doivent accepter de réduire nettement leurs prix, quitte à menacer la rentabilité de leur modèle économique.

Soit les plateformes doivent accepter de se regrouper dans des offres composées – dont le tarif doit rester attractif. Car faute de tendre la main aux internautes avec un budget qu’ils peuvent assumer, plus encore qu’un retour, on peut craindre que le piratage soit de retour durablement.

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Netflix
Netflix
Par : Netflix, Inc.
4.1 / 5
14,5 M avis
8 commentaires
8 commentaires
  1. Tout à fait d’accord.
    Pour ma part bien qu’abonné à Netflix je n’ai pas pour autant déserté the Pirate Bay ou Cpasbien 🙂

    1. En fait ce n’est pas tant le prix de ces plate formes qui posent problème : un abo Netflix à 15 euros reste relativement “rentable”. Mais la multiplication de ces dernières avec à chaque fois un contenu “exclusif” commence à peser sur le porte feuille, sauf à jongler entre les offres (1 mois chez Netflix, 1 mois chez Disney etc…). Mais à terme cela reste une solution peu confortable.

  2. En France on a aussi la chronologie des médias qui joue. Les gens en ont marre d’attendre des mois pour voir un film sur des plateformes qu’ils payent, cher.
    Et même la nouvelle chronologie n’est pas satisfaisante et crée des situations ubuesques (Disney peut mettre ses films pendant 2 mois seulement avant de devoir les retirer pendant plusieurs mois pour les chaînes TV, et les remettre au bout des 36 mois initiaux, c’est du délire.
    Il va falloir que Canal+, les chaînes TV et l’industrie du cinéma français apprennent à s’adapter à notre époque et arrêtent de vouloir freiner l’évolution des choses. Les autres pays se débrouillent très bien sans ça, donc pourquoi la France ne pourrait pas le faire également ?

    Bref, le piratage a de beaux jours devant lui, parce que les différents acteurs de la culture ne savent pas s’adapter aux nouveaux usages.

    1. J’étais longtemps abonné à spotify family et avec la hausse des prix je me suis désabonné et j’ai pas envie de passer à une autre plateforme et devoir refaire mes playlist à partir de zéro.

      Je me suis désabonné de disney+ car pas de contenu intéressant et la chronologie des médias n’aide pas sur ce point.
      Je voulais me faire un marathon de Marvel mais tout les films ne sont pas présents donc obligé de passer par la case piratage.

  3. Le piratage revient car les abonnements sont trop cher netflix 18€ la version prenium amazon prime bientôt 7€ disney plus idem etc… Les abonnements cumulés reviennenent aussi cher que le prix de la box comme par exemple freebox pop 40€

    prix box+ abonnement complet en gros 90€ voir 100€c’est abusé. Il serai temps qu’il remette un abonnement groupé pour 25€/mois pour chaque fai hors prix de la box

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