Trois heures. Voilà en moyenne le temps passé chaque jour par les enfants âgés de 3 à 17 ans en France. Chez les adolescents, ce chiffre s’envole : 23% des 15-17 ans passent sept heures par jour devant des écrans. C’est l’équivalent d’une journée de travail actif dans une entreprise ou d’une journée de classe.
Ce phénomène de dépendance aux écrans touche nos enfants bien plus tôt qu’on ne le pense. Selon diverses études, les enfants âgés de 3 à 6 ans passent en moyenne 1h40 devant un écran chaque jour. Pire encore, les bébés de moins d’un an y sont exposés en moyenne 30 minutes par jour. Fin août, Thibault Franceschet expliquait sur Franceinfo :
Tout d’abord on peut faire un état des lieux avec une étude du ministère de la Culture sur l’exposition aux écrans des enfants de 2 ans. À cet âge-là, ils sont déjà 87% à être exposés à la télévision au moins une fois par semaine et ceux qui sont exploses le sont en moyenne une heure par jour. 36% de ces enfants de 2 ans sont exposés à une tablette au moins une fois par semaine, 30 minutes par jour en moyenne et 26% à un smartphone.
Dès le plus jeune âge, nos bambins sont donc bien plus exposés qu’on ne le pense. « Ces pourcentages augmentent ensuite assez rapidement avec l’âge une fois qu’ils (les enfants) sont en mesure d’utiliser vraiment les tablettes et smartphones » ajoute le journaliste.
Problèmes de santé et troubles cognitifs
Si les chercheurs ne sont pas unanimes quant à l’importance des effets des écrans sur nos enfants, tous s’accordent à dire qu’une exposition précoce et/ou prolongée a des effets néfastes sur leur santé.
Par exemple, les conséquences sur le sommeil sont scientifiquement prouvées. En Ile-de-France, plus de la moitié des adolescents regardant des écrans plus de deux heures le soir dorment moins de 7 heures par nuit au lieu des 8 à 10 heures recommandées. Et on ne parle pas des conséquences des lumières bleues sur la vue.
Sur le long termes, l’exposition aux écrans peut aussi causer des problèmes cognitifs et comportementaux. Cela se matérialise par exemple par des problèmes d’attention, de concentration, de dépendance voire d’addictions. Certains instituteurs observent des difficultés à l’écriture, au dessin (motricité fine) ainsi qu’au langage, ces compétences étant moins stimulées au profit des écrans.
Dans les cas les plus graves, cette relation aux écrans crée des problèmes de surpoids par manque d’activités physique et même de dépression du fait notamment du manque d’interactions sociales.
Pas d’écran avant 6 ans !
Malgré tout, les médecins expliquent que l’écran en lui-même n’est pas le problème, mais plutôt la façon dont on s’en sert. Par exemple, surfer sur internet ou les réseaux sociaux le soir est pire pour le sommeil que regarder un film ou une série avant de dormir.
En revanche, tous les professionnels de la petite enfance s’accordent à dire qu’avant l’âge de 3 ans, les enfants ne doivent en aucun être exposés aux écrans. Les recommandations du CSA vont même plus loin. « Pour les enfants de moins de 3 ans, l’utilisation des écrans quels qu’ils soient (télévision, tablette, smartphone) doit être interdite autant que possible ».
Dans son livre « La fabrique du crétin digital. Les dangers des écrans pour nos enfants » (Ed. Seuil), Michel Desmurget, docteur en neurosciences et directeur de recherche à l’Inserm, va même plus loin. Pour lui « le mieux est de les préserver jusqu’à 6 ans, car il n’y a aucun bénéfice pour les enfants à utiliser les écrans avant ». Et d’ajouter qu’ « un tiers des enfants de 18 mois ‘élevés’ à la tablette passent plus tard chez l’orthophoniste… ». On comprend mieux pourquoi les patrons de la Silicon Valley éloignent le plus longtemps possible leurs enfants des smartphones et tablettes.
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