Travis Kalanick, l’homme qui fondait Uber en 2009 avec Garrett Camp, est définitivement parti de la société en 2019 à la suite de nombreux scandales sur ses méthodes managériales, d’agressions sexuelles et de soucis de corruption. Lors de cette phase, il a lourdement investi dans une autre startup du nom de CloudKitchens, dont il dévoue aujourd’hui la majeure partie de son temps.
À l’occasion de l’arrivée de l’entreprise dans la ville de Boston aux États-Unis, les journalistes du Boston Globe ont décidé d’en faire une enquête pour dénoncer les nombreux points sur lesquels l’entreprise pose problème. Avec CloudKitchens, Travis Kalanick serait peut-être en train de faire pire qu’avec Uber. La startup est devenue la hantise des restaurants à qui elle propose des espaces partagés pour surfer sur le boom des livraisons de repas.
Taux d’échec stupéfiant
CloudKitchens a, comme son nom l’indique, un réseau de cuisines partagées à disposition des restaurants. Ces derniers, en faisant appel à la startup, peuvent se déployer partout et monter des marques de restaurant exclusivement disponibles en livraison à domicile.
Mais contrairement au secteur de la restauration aux États-Unis qui accuse un taux d’échec de 30% la première année d’un restaurant, avec CloudKitchens, le taux d’échec passe à 90% dès les 90 premiers jours.
Le slogan “Tout ce que vous avez à faire est de cuisiner” est trompeur et les clients sont de plus en plus nombreux à se mettre vent debout et porter plainte. Les commissions de 3% sur les ventes, à additionner à 20 à 30% des commissions des plateformes de livraisons comme Uber Eats, pèsent lourd.
Pire dans un tel contexte, les locaux et les cuisines loués par la startup ne sont pas toujours de bonne qualité. Certains se plaignant par exemple de problème avec l’eau, de température instable des frigos ou encore d’employés CloudKitchens se trompant sur les remises des commandes auprès des livreurs…
CloudKitchens contrôle tout et vole les meilleures idées
Selon le journal américain, les exemples sont nombreux de nouveaux restaurants à avoir mis la clé sous la porte après leur passage avec CloudKitchens. Tous rencontraient un plafond de verre dans leurs chiffres d’affaires et CloudKitchens était davantage un poids qu’un levier pour réussir.
Matt Newberg, un spécialiste des questions technologiques dans l’industrie alimentaire, déplorait : “vous devez être une grande marque de restauration rapide ou une marque virtuelle qui a déjà fait ses preuves” pour réussir avec CloudKitchens.
“Je ne pense pas, en ce moment, que la configuration de l’économie ait un sens pour les restaurants familiaux”, ajoutait-il. L’émergence de la livraison de repas pourrait pourtant supprimer des barrières aux nouveaux projets de restaurants (en limitant les coûts des installations) mais la tendance nous montre que la domination des géants et les algorithmes d’Uber et autres applications de livraison font la part belle aux géants et non aux petits business.
D’ailleurs, la nouvelle startup de Travis Kalanick n’est pas seulement un fournisseur d’espaces pour cuisiner. Plusieurs filiales gravitent autour à l’exemple de Future Foods, qui créé des marques de nouveaux restaurants “virtuels” et de Otter, qui fournit une plateforme pour rassembler tous les services de commandes et livraisons sur un seul et même écran.
CloudKitchens ressemble davantage à un gigantesque hub de test de nouveaux plats tendance pour les livraisons, et grâce aux données récoltées, il lui suffit de récupérer les bonnes idées des restaurateurs pour créer de nouvelles marques à succès qu’elle possédera.
Pour toutes les autres cuisines qui ne lui appartiennent pas, CloudKitchens en profite grâce à ses commissions et la bonne publicité qu’elle en tire pour intéresser les investisseurs. Depuis son lancement, la startup a reçu des centaines de millions de dollars de business angels.
📍 Pour ne manquer aucune actualité de Presse-citron, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.
