Hélicoptère monétaire, hausse des taux directeurs, défaut bancaire… le retour du Bitcoin pour cette semaine prend des proportions de plus en plus grosses. La première crypto-monnaie n’a pas fait les choses à moitié pour faire exploser son cours et les échanges s’envolent littéralement, depuis dimanche dernier. Ce mardi, le Bitcoin a encore fait un bon de plus de 9 %, dépassant la résistance des 24 000 dollars, et jusqu’à 26 500 dollars temporairement.
Les volumes d’échanges sont supérieurs à ce que l’on avait pu connaître depuis le début d’année 2023. La capitalisation du Bitcoin est passée de 420 à plus de 500 milliards de dollars. Il y a quatre jours, son cours n’était que de 20 000 dollars, soit une hausse de plus de 24 % jusqu’à aujourd’hui. Le Bitcoin est de retour, et à un prix supérieur à ce qu’il en était avant le scandale FTX.
Transfert de confiance
À chacun son tour. Après les crypto-banques et les plateformes d’échange crypto, c’est aux banques et à la confiance du système bancaire eux-mêmes dont il est question. La faillite de Silicon Valley Bank, le plus gros défaut bancaire américain depuis 2008, a jeté un froid sur une industrie entière. Y compris en France où les marchés affichaient rouge lundi matin, faisant basculer les principaux groupes bancaires comme Société Générale et BNP Paribas.
Silicon Valley Bank, la banque d’investissement référente des startups et des fonds d’investissement américains, est devenue systémique après une descente aux enfers éclair, sur fond de dépôts investis dans des placements long terme et de retraits massifs des clients (bank run). Une revanche pour le Bitcoin et un véritable transfert de confiance et une course vers les valeurs refuges (l’or est aussi à son plus haut).
Cette santé de fer, couplée à une forte spéculation, trouve aussi son origine sur le marché des crypto-monnaies lui-même. Avec la fermeture forcée de la crypto-banque Signature et la fin d’émission du BUSD (Paxos), les conversions vers les jetons natifs des blockchains sont massives. Changpeng Zhao (CZ), le patron de Binance, a lui aussi liquidé un fond de réserve estimé à 1 milliard de dollars, de BUSD vers d’autres crypto-monnaies comme le Bitcoin et l’Ether. Un fond symboliquement destiné à la relance de l’industrie crypto… à l’heure où les stablecoins ne sont plus totalement stables.
Hélicoptère monétaire, rôle de l’Etat
L’argent s’évapore des banques, ruisselle vers la finance décentralisée… et tombe du ciel grâce à la FED. Dimanche soir, l’Etat fédéral a pris une mesure interventionniste forte – loin des idéaux des libéraux, pour venir en aide aux clients de la Silicon Valley Bank. Son objectif, renflouer les caisses pour que les dépositaires puissent se lever le lundi en retrouvant le plein accès à leurs fonds. Une mesure qui a sonné, à la porte des investisseurs, comme un rappel de l’hélicoptère monétaire survenu pendant l’ère Covid… auquel le Bitcoin profitait aussi.
Un véritable feu vert pour l’investissement, mais aussi un moment de répit. En choisissant d’intervenir dans l’économie et aider la banque d’investissement, le choix de l’Etat est reçu comme un vent d’air frais après des mois de remontées des taux pour combattre l’inflation. D’autres ne sont pas d’accord avec cela, et voient la décision comme “une trahison” et “une perte de discipline financière”. Ils pointaient du doigt le message que renvoyait l’Etat avec sa décision. À savoir de montrer qu’il était, aujourd’hui aux États-Unis, possible de continuer à faire n’importe quoi avec l’économie et les finances en sachant que l’Etat finirait toujours par régler l’addition.
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