Smartphones, PC, tablettes : jamais les Français n’ont autant pollué

Bienvenue dans la zone sombre de la tech. Alors que les questions écologiques sont au coeur des préoccupations des nouvelles générations, l’Ademe et l’Arcep tirent la sonnette d’alarme sur les comportements des Français face au numérique.

Les deux organismes publient les conclusions de deux études menées conjointement sur la transition écologique et l’impact du numérique sur notre environnement. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les Français n’ont visiblement pas pris la mesure des enjeux.

Ainsi, notre consommation de produits tech et notre temps passé sur internet n’ont jamais été aussi néfastes pour notre planète. Le trafic internet représente à lui seul 2,5% de l’empreinte carbone du pays. Les appareils (PC, smartphones, tablettes etc.) et les infrastructures (serveurs, data centers, réseaux etc.) représentent une consommation de 62,5 millions de tonnes de ressources et 20 millions de tonnes de déchets.

Premier responsable de cette situation : le consommateur. Chaque Français dispose d’un arsenal de 15 appareils connectés en moyenne, soit plus du double de la moyenne mondiale. Ces produits nécessitent l’extraction et la transformation de 932 kg de matériaux explique Les Echos.

Le temps passé sur nos appareils électroniques et nos usages de plus en plus gourmands (SVOD, jeu en ligne etc.) augmentent considérablement les émissions de CO2. L’Ademe estime qu’aucun autre secteur n’augmente ses émissions aussi vite.

Cette situation inquiétante n’est pas inéluctable. L’Arcep et l’Ademe donnent ainsi quelques pistes pour inverser la tendance.

Changer de smartphone tous les trois ans

Premier volet : les produits. Actuellement, le taux de renouvellement des smartphones tourne autour des deux ans. L’Arcep et l’Ademe recommandent de conserver un smartphone acheté neuf au moins trois ans, puis de lui donner une seconde vie soit en l’offrant, soit en le revendant, soit en le faisant entrer dans le circuit du reconditionnement.

Les terminaux sont en effet les premiers responsables de cette situation. Ils représentent entre 64% et 92% des impacts environnementaux. Les écrans TV sont d’ailleurs les champions en la matière. À titre de comparaison, le trafic internet représente 4% à 22% des impacts, les réseaux entre 2% et 14%).

Cela « confirme l’importance des politiques visant à allonger la durée d’usage des équipements numériques à travers la durabilité des produits, le réemploi, le reconditionnement, l’économie de la fonctionnalité ou la réparation » expliquent les experts de l’Ademe.

Privilégier les produits reconditionnés

L’Arcep et l’Ademe recommandent donc de privilégier l’achat de smartphones reconditionnés. Selon les deux études publiées, acheter du reconditionnement c’est réduire l’impact environnemental de 55 à 91% par rapport à un produit neuf. En quelques chiffres, cela représente 82 kg d’extraction de matières premières en moins, 25 kg de gaz à effets de serre par an (80% de moins que le neuf).

Attention, passer au reconditionnement ne donne pas le droit de renouveler ses appareils plus souvent précise l’étude. Il faut faire en sorte « que le marché du reconditionnement ne devienne pas une caution à la surconsommation » expliquent les deux organismes.

Dans l’idéal, il faudrait donc changer de smartphone au moins tous les trois ans et opter pour un modèle reconditionné. Tout cela vous déprime ? Bonne nouvelle : le marché du reconditionnement est en plein boom. En 2020, 2,8 millions d’appareils ont trouvé preneur. Cela a permis de réduire l’extraction de matières premières de 230 000 tonnes et de réduire la consommation de CO2 de 70 000 tonnes.

Seule ombre au tableau : les politiques ne semblent pas avoir compris non plus l’importance des enjeux. L’Assemblée nationale a voté un texte de loi visant à taxer davantage les smartphones reconditionnés. Une mesure d’une logique implacable…

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